Contexte du poème :
- Évocation
de la douleur d’Hugo face à la noyade de sa fille Léopoldine (et de l’époux de
celle-ci Charles Vaquerie), dans la Seine, le 4 septembre 1843, suite au
renversement du canot sur lequel ils se trouvaient. Le vent est à l’origine de
ce renversement. Hugo se trouve alors sur le chemin du retour d’un voyage
effectué en Espagne et apprend ce décès en lisant un article du journal Le Siècle le 9 septembre.
- Le
poème appartient à la deuxième partie du recueil des Contemplations intitulée « Aujourd’hui », la rupture
entre les deux parties étant constituée par la mort de la fille de l’auteur,
qui a été une rupture dans la vie d’Hugo. Le Livre IV est sous-titré
« Pauca meæ », qui se traduit par : Quelques vers pour ma fille
tant aimée. Donc le livre a pour projet d’évoquer Léopoldine et la disparition
de celle-ci.
Structure
globale :
I-
Vers 1 à 11 : premières réactions du poète face à la disparition de sa
fille
II-
Vers 12 à 20 : rêve ou folie du poète qui croit encore entendre sa fille
Structure
proposée discutable : Après l’évocation de la douleur, qui est celle de
tous les parents qui perdent leur enfant, le poète se révolte, et finit par
nier parfois la disparition de sa fille. A partir du vers 7, on glisse vers
cette sorte d’hallucination où le poète dit croire qu’elle n’est pas morte.
Donc les vers 7 à 11 font la transition vers ce qui est annoncé ci-dessus comme
la deuxième partie du poème.
Aspects
majeurs du poème :
-
Un poème en partie narratif, qui rappelle les réactions successives et répétées
du poète face à cet événement douloureux
-
Un poème lyrique : expression de la douleur de la disparition et donc de
l’absence de l’être aimé, avec la difficulté de parler directement de sa fille
et de ce qui lui est arrivé
- Volonté
d’exprimer à la fois des sentiments intimes et de rejoindre l’universel,
d’exprimer ce que ressent tout parent confronté à la même situation
- Expression
de la douleur allant jusqu’à une forme de folie, par la négation de la réalité
- Caractère
très vivant du poème, où la parole du poète père de famille au moment des faits
se fait entendre
Problématiques possibles :
* Comment Victor Hugo rend-il ici compte de l'extrême douleur d'un père face à la disparition de sa fille ?
* Comment Hugo montre-t-il que la mort de sa fille l'a progressivement conduit vers une forme de folie où il niait cette disparition ?
* En quoi Hugo livre-t-il un poème qui expose les sentiments et états successifs des parents qui ont perdu l'un de leur enfants ?
Analyse linéaire :
* Vers 1 et 2 :
- Forme
exclamative (deux interjections) : dès le début, le poète exprime sa
douleur, renforcée par l’emploi de l’adjectif « fou » et du verbe
« pleurai ». Les deux interjections résonnent en tête de vers, et
cassent la régularité de l’alexandrin : expression du désarroi du poète.
- Annonce de
l’un des aspects majeurs de ce poème : la folie du poète suite à la mort
de sa fille. Ici elle est mise à distance par l’emploi de la comparaison
(adverbe « comme »). Il a l’apparence d’un fou mais ne l’est pas.
Dans la suite du poème, cette folie va s’accentuer.
- Aspect
narratif, par l’emploi de verbes au passé simple = actions de premier plan :
retour sur le passé, sur ce qui a suivi immédiatement l’annonce de la mort de
sa fille.
- Noter que
dans ces deux vers, rien n’indique explicitement l’origine de la douleur. En
effet, « dans le premier moment », complément circonstanciel de temps
placé en 2ème hémistiche du vers 1, donc en évidence, rappelle un
instant du temps passé, mais sans indiquer de quoi il s’agit. Pourquoi ?
1ère
réponse possible : Hugo conçoit son recueil comme une suite de poèmes qui
sont à lire dans la continuité : le lecteur sait, par ce qu’il a lu
précédemment, avant ce poème, que le poète évoque la mort de sa fille. Ainsi, la
préface la suggère, en parlant de deuil familial ; le titre latin du Livre
IV peut se traduire par : quelques vers pour ma fille tant aimée ;
les titres des poèmes 2 et 3 de ce Livre IV sont des dates liées à sa
fille ; le poème 4 évoque le deuil et Hugo était déjà célèbre au moment de
la publication des Contemplations
pour que les lecteurs comprennent qu’il évoque notamment le décès de sa fille,
et que « trois ans après » suggère le temps passé depuis la
disparition de celle-ci.
2ème
réponse possible : comme dans la suite du poème, la douleur est telle
qu’il est impossible pour le poète de mettre des mots sur la mort de sa fille,
de dire de manière directe ce décès. Il suggère donc, reste dans une forme
d’implicite. C’est aussi une façon de montrer combien cet événement l’a anéanti :
lui, le poète, le spécialiste des mots, ne peut en trouver pour parler
ouvertement de cette disparition. La poésie ne peut dire ici complètement, donc
la solution est de suggérer au lecteur, que l’indicible se lise entre les mots,
entre les vers.
- « amèrement » :
au sens figuré, renvoie à la douleur et à la souffrance. Les « trois
jours » symbolisent encore le temps de douleur juste après l’annonce de la
mort de sa fille : toujours cet aspect narratif aussi.
* Vers 3 à 5 :
- Longue
phrase interrogative qui s’étale sur trois vers complets. Interpellation
directe et appuyée des parents qui ont vécu la mort de l’un de leur
enfant : emploi de la 2ème personne du pluriel dès le début du
vers 3, et donc de la phrase, complété par l’apostrophe plus précise au vers 4
des « Pères, mères », et repris par le pronom « vous » en
fin de question au vers 5. À noter aussi les pluriels globalisants, que
« tous » renforce.
Volonté,
ainsi, d’impliquer certains lecteurs dans les sentiments de douleur exprimés,
d’échanger autour du sentiment de deuil : comme un dialogue voulu par
Hugo, père de famille, avec ceux qui lui ressemblent. Car la réponse à la
question est évidente : tout parent ressent cette douleur vive.
De plus,
cela rejoint la volonté indiquée par Hugo dans sa préface de lier l’intime et
l’universel : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie
des autres hommes aussi. […] Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous
vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir et
regardez-vous-y. ». Le poète est celui qui peut mettre des mots sur ce que
ressentent de nombreux lecteurs.
Le lien
entre le poète et les parents évoqués s’exprime par l’emploi de la 2ème
personne du pluriel, mais aussi par celui de la 1ère personne du
singulier, notamment par le parallélisme du vers 5 :
« j’éprouvais » / « l’avez-vous éprouvé » " reprise du même verbe, pour
montrer que la « destinée est une ».
- Périphrase
pour évoquer la disparition d’un enfant : « Dieu prit votre chère
espérance ». L’adjectif « chère » rappelle les sentiments
d’amour familial, et le nom suggère qu’un enfant est encore en devenir, que les
parents placent en eux tous leurs espoirs. Donc le poème est toujours tourné
ici vers la douleur intime du poète, vers ce qu’il ressent.
-
« espérance » et « souffrance » sont placés à la rime, et
s’opposent. Ils montrent ainsi le passage d’un sentiment positif, tourné vers
l’avenir de l’être aimé, à celui de la douleur ressentie face à la disparition
de celui-ci. L’éloignement avec l’être aimé peut aussi être exprimé par le
passage du vers 3 au vers 4 : fin de vers 3 = être aimé / début de vers 4
= les parents.
- « a
souffert ma souffrance » : autre moyen (l’isolexisme :
répétition d’un mot, par l’emploi successif de deux mots de la même famille)
d’insister sur la douleur exceptionnelle d’un parent quand il perd son enfant.
L’assonance en [è] entre « pères », « mères » et
« souffert » révèle encore le sentiment de douleur commun à tous ces
parents privés de leur enfant. À lier aux nombreux termes qui renvoient ici aux
sentiments, montrant que le poète se livre :
« espérance » ; « souffert » ;
« souffrance » ; « éprouvais » ; « avez
éprouvé ».
* Vers 6 :
- Emploi de
l’imparfait : état durable du poète, action répétée au long de son travail
de deuil après l’annonce de la mort de sa fille.
- Souhait de
rejoindre sa fille dans la mort ; rage exprimée devant cette disparition.
* Vers 7 à 9 :
- L’adverbe
temporel « Puis » montre que les réactions du poète suite à l’annonce
de la mort de sa fille ont été variées, se sont succédées. « par
moments » souligne aussi que ses réactions ont varié dans le temps.
L’emploi de l’imparfait rejoint celui du vers 6 : actions/états répétés,
variables, mais qui reviennent : la douleur a duré, s’est exprimée de
diverses manières qui se sont répétées au fil des jours.
- La révolte
est encore une manière d’exprimer la colère (cf. vers 6). L’allitération en [r]
peut souligner le cri de rage du poète : « briser »,
« front » (v. 6), « révoltais », « par »,
« terrible » (v. 7), « regards », « sur »,
« horrible » (v. 8), « croyais », « m’écriais »
(v. 9).
- Le rythme
haché du vers 7 (6 + 1 + 3 + 2 syllabes), puis, dans une moindre mesure, du
vers 9 (6 + 5 + 1 syllabes), souligne encore le désarroi du poète, voire la
folie (vers 9) (voir ci-dessous l’analyse à ce sujet).
- « cette
chose horrible » (v. 8) : emploi d’une périphrase encore, et très
imprécise (le nom « chose » ne désigne rien de particulier), pour
évoquer cette mort encore une fois indicible. Le pronom « y » (v. 9)
évite encore de nommer la mort.
-
« terrible » et « horrible » riment, et comportent tous les
deux un double [r] visible à l’œil : expression hyperbolique de l’horreur
de cette disparition, de la douleur du poète.
- La révolte
peut être interprétée autrement : elle est aussi une négation de
l’événement, trop horrible pour être accepté. Le vers 9 l’exprime par la
négation « je n’y croyais pas », la croyance étant la capacité à
adhérer à une idée sans qu’elle soit rationnalisée : mais justement le
poète adopte un comportement irrationnel puisqu’il n’accepte pas la réalité que
l’on ne peut nier. Sa fille est bien morte. C’est de nouveau une manière pour
Hugo de montrer combien sa douleur était immense, en reconstituant sa façon de
réagir à la suite de cet événement. Quand un événement est trop horrible pour
être accepté par l’esprit humain, il peut être rejeté dans l’irréel, nié. Noter
que la négation forte mise en valeur après deux points, et avec exclamation en
fin de vers 6, frappe le lecteur (« Non ! ») est encore une
manière de montrer ce refus d’accepter la réalité.
La folie
suggérée dès le vers 1 devient ici plus forte : attitude désordonnée des
fous au vers 6, regard fixe des fous au vers 8, refus de la réalité au vers 9,
cri au vers 9 (« je m’écriais » + « Non ! »).
* Vers 10 et 11 :
- 2ème
phrase interrogative du poème. Celle-ci n’est pas expressément adressée aux
parents, est plus large (pas d’apostrophe directe). Toutefois elle semble en
partie adressée à Dieu, puisque son pouvoir de vie et mort sur les humains a
été noté au vers 3, et qu’ici il est suggéré qu’il est à l’origine de la
douleur éprouvée par le parent qui perd son enfant : « Dieu
permet », « qui font » (noter le présent de vérité générale,
très accusatoire, comme s’il s’agissait d’une vérité durable au sujet de Dieu).
- La douleur
immense est encore exprimée ici : hyperbole de « malheurs sans
nom » ; « désespoir ». L’emploi du verbe « se
lève » semble personnifier le désespoir, lui donner ainsi un caractère
encore plus concret.
- « ces
malheurs sans nom » renvoie encore une fois à l’indicible, à
l’impossibilité de dire ouvertement la mort.
- La
question est mise entre parenthèse : comme un moment d’égarement de la
part du poète ? Il a osé un moment penser accuser Dieu d’être responsable
de la mort de sa fille et de sa douleur extrême. Mais les parenthèses peuvent
ainsi mettre en évidence qu’il s’agit de ce qu’il a pensé à ce moment-là, dans
les premiers temps après la mort de sa fille. À noter que dans le poème, qui
précède celui-ci dans le Livre IV, Hugo interpelle aussi Dieu à propos de son
malheur.
* Vers 12 à 16 :
- Longue
phrase, qui enchaîne 5 propositions subordonnées conjonctives, toutes COD du
verbe « Il me semblait » (v. 12), et débutant donc toutes par la
conjonction « que » : sorte de liste, de litanie de ce que le
poète imagine. C’est une manière de donner corps pour le lecteur à ce que le
poète pensait dans ces moments. Si le verbe « sembler » à l’imparfait
suggère bien que ceci n’est que l’impression passée du père de famille Hugo,
que le poète met à distance, l’enchaînement des subordonnées nous permet à nous
lecteurs de nous mettre à sa place dans les jours qui ont suivi la mort de sa
fille. C’est encore un moyen pour le poète de faire partager l’expression d’une
douleur qui lui était toute personnelle, de créer un lien entre le vécu du
poète et nous-mêmes puisqu’on peut ainsi s’identifier à lui.
- Le terme
de « rêve » (« affreux » exprime la douleur, la souffrance,
le rejet par le poète de la réalité de sa fille morte) inaugure ce moment
d’hallucination, de folie. Il renverse les choses : la réalité de la mort
de sa fille n’est qu’un cauchemar ; elle n’est pas morte. Du moins le père
de famille éploré imagine qu’elle ne l’est pas, que cette annonce n’est pas
vraie. Les autres négations qui suivent (« elle ne pouvait pas » v.
13 ; « impossible » avec préfixe créant l’antonyme v. 15)
montrent encore son refus d’accepter la réalité, parce qu’elle est trop
horrible pour l’être. L’emploi du mode subjonctif pour le verbe « être »,
juxtaposé à l’adjectif « morte » (enfin le mot est lâché, mais pour
être nié !), nie encore ce décès : le subjonctif est le mode de
l’irréel.
- On
remarque encore que l’hallucination prend forme dans les vers 14 et 16, qui
sont entrecroisés avec les autres vers où apparaissent les négations : la
folie a gagné le poète dans ces moments de douleur. Les sens sont gagnés par
cette folie : « entendais » ; « voir », renforcés
par des éléments spatiaux, de décor (« la chambre à côté » ;
déterminant démonstratif « cette porte ») : ce qu’il imagine
devient réel pour lui. Les verbes à l’imparfait montrent toutefois que le poète
plus âgé, celui raconte, sait désormais que ceci n’était pas vrai. Il laisse
ces évocations nées de la folie dans son passé.
Le pronom
utilisé est « elle » (v. 13, 15) ou « la » (v. 16), ou,
moins nettement identifiée au féminin « l’ » (v. 14) : il
désigne sa fille de manière lus directe ici qu’avant dans le poème, comme pour
donner encore une fois une réalité à son rêve du moment. Elle semble presque
exister encore, vivre.
- Le malheur
de la disparition tranche avec le bonheur passé, qui a disparu, ce que le rire
de sa fille disparue met en évidence (v. 14).
* Vers 17 à 20 :
- L’espace
qui sépare ces quatre vers des précédents n’indique pas que le père de famille
se reprend. Au contraire, l’hallucination semble encore plus s’accentuer.
L’emploi successif du passé composé (v. 17) (qui tranche avec le passé simple
du tout début du poème), qui évoque un passé récent, encore en lien avec le
présent du personnage, puis du présent de l’indicatif (v. 19-20), comme si le
rêve devenait réalité.
- La folie
est suggérée par l’aspect répétitif d’une attitude irrationnelle : dès le
début du quatrain, on note cette répétition : « que de fois »,
sous la forme d’un regret de s’être comporté de cette manière. La répétition,
le ressassement du père qui ne peut accepter d’avoir perdu son enfant se fait
encore sentir par la reprise de la même interjection qu’au tout début du poème
(« oh ! », v. 1 & v. 17), comme si le lecteur revenait
encore sur le début du texte (l’espace laissé avec ce qui précède peut aussi y
faire penser), se mettait dans les pas du poète qui ne cesse de se répéter
toujours les mêmes idées.
- Hugo se
cite lui-même, manière de laisser le lecteur imaginer dans quel état il se
trouvait à la suite de la mort de sa fille. Il souhaite que le lecteur puisse
se rendre compte concrètement de ce que peut provoquer sur un parent la mort de
son enfant. Les exclamatives, parfois, très courtes, suggèrent une agitation,
la joie d’avoir retrouvé son enfant, mais donc aussi l’égarement, la folie qui
s’empare du poète. Le caractère haché des alexandrins, une nouvelle fois,
suggère aussi cette agitation, et l’égarement du poète : 1 + 5 + 2 + 4
syllabes (vers 17) ; 2 + 10 syllabes (vers 18) ; 3 + 3 + 3 + 3
syllabes (vers 19).
Le caractère
presque réel de la présence de sa fille s’exprime, comme dans les vers 14 et
17, par des références à des sensations, ici uniquement auditives (« elle
a parlé » ; « bruit de sa main » ; « que
j’écoute »). Cela montre qu’il ne peut que croire qu’il l’entend, puisqu’il
ne peut la voir.
La référence
à un objet (la clé) ou l’évocation du lieu (« quelque part » v. 20)
donne aussi une réalité à l’évocation de sa fille, qui semble vraiment encore
habiter les lieux, être présente. Le présentatif « voici » semble
montrer ce que le poète suggère, le fait que Léopoldine vient de rentrer, et qu’elle
n’était donc pas morte. Les impératifs veulent aussi prouver à des
interlocuteurs dont on ne précise pas l’identité (mais auxquels les lecteurs
peuvent s’identifier) que sa fille est encore là : « tenez ! »,
« attendez ! », « laissez-moi ».
- L’intimité
de cette hallucination s’exprime par l’emploi alterné des pronoms de la 1ère
personne et de la 3ème
personne (« j’ » et « elle » au vers 17 ;
« elle » et « moi », « j’ » au vers 19), comme si
la proximité existait encore entre le père et sa fille. Le fait de terminer
également par le GN « la maison » (vers 20) évoque à la fois le
bâtiment, et la réunion de la famille sous le même toit. Il veut la retrouver,
et exprime ainsi encore l’amour qu’il portait à sa fille.
- Le poète s’enferme
dans sa folie, se coupe de la réalité et de ceux qui l’entourent : l’espace
laissé, pour créer un quatrain final, peut être ainsi interprété. Mais il exige
aussi le « silence » et demande de le laisser, comme seul.
- Quelques
indices laissent cependant penser que la folie n’est pas totale, et que le
poète, au fond de lui-même, sait qu’il refuse la réalité. Le poème se termine
ainsi par « sans doute », qui exprime justement l’incertitude (et pas
seulement du poète plus âgé qui s’exprime, mais du père éploré à l’époque des
faits, puisque nous sommes dans des citations de paroles prononcées par le
passé). La quatrain débute par une précision donnée par le poète plus âgé,
comme une mise à distance des paroles citées : « que de fois j’ai dit ».
Il insiste ainsi par le verbe de parole sur le fait que toute cette évocation
était bien seulement la conséquence d’une hallucination, de délires intérieurs.
Et la répétition suggérée par « que de fois » montre qu’ici il s’agit
d’une reconstitution, d’un résumé d’une attitude qui s’est en fait répétée. L’incertitude
du « quelque part » souligne aussi combien il sait que sa fille n’est
en fait pas présente.
* Lieu et date de fin de poème :
- La date
est celle du 9ème anniversaire de la mort de sa fille : le
poème est un hommage rendu à sa fille, mais aussi on peut imaginer qu’à cette
date, il replonge dans ses souvenirs encore vivaces.
- Jersey :
Hugo y est en exil, loin aussi des lieux du drame et de sa vie précédente. « Autrefois »
est bien loin de lui.
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