mardi 31 mars 2020

La Comédie (Française) continue...


Malgré le confinement, la Comédie Française, institution créée au XVIIè siècle, et qui porte le patrimoine théâtral français, continue ! Elle s'est adaptée et propose des programmes spéciaux à destination de vous-mêmes, élèves.

Suivez le lien ci-dessous :



Et voici le programme de la semaine en cours :


 

jeudi 26 mars 2020

Lecture analytique linéaire : "Oh ! je fus comme fou..." (Hugo, Les Contemplations, Livre IV, 5)


Contexte du poème :
- Évocation de la douleur d’Hugo face à la noyade de sa fille Léopoldine (et de l’époux de celle-ci Charles Vaquerie), dans la Seine, le 4 septembre 1843, suite au renversement du canot sur lequel ils se trouvaient. Le vent est à l’origine de ce renversement. Hugo se trouve alors sur le chemin du retour d’un voyage effectué en Espagne et apprend ce décès en lisant un article du journal Le Siècle le 9 septembre.
- Le poème appartient à la deuxième partie du recueil des Contemplations intitulée « Aujourd’hui », la rupture entre les deux parties étant constituée par la mort de la fille de l’auteur, qui a été une rupture dans la vie d’Hugo. Le Livre IV est sous-titré « Pauca meæ », qui se traduit par : Quelques vers pour ma fille tant aimée. Donc le livre a pour projet d’évoquer Léopoldine et la disparition de celle-ci.

Structure globale :
I- Vers 1 à 11 : premières réactions du poète face à la disparition de sa fille
II- Vers 12 à 20 : rêve ou folie du poète qui croit encore entendre sa fille

Structure proposée discutable : Après l’évocation de la douleur, qui est celle de tous les parents qui perdent leur enfant, le poète se révolte, et finit par nier parfois la disparition de sa fille. A partir du vers 7, on glisse vers cette sorte d’hallucination où le poète dit croire qu’elle n’est pas morte. Donc les vers 7 à 11 font la transition vers ce qui est annoncé ci-dessus comme la deuxième partie du poème.

Aspects majeurs du poème :
- Un poème en partie narratif, qui rappelle les réactions successives et répétées du poète face à cet événement douloureux
- Un poème lyrique : expression de la douleur de la disparition et donc de l’absence de l’être aimé, avec la difficulté de parler directement de sa fille et de ce qui lui est arrivé
- Volonté d’exprimer à la fois des sentiments intimes et de rejoindre l’universel, d’exprimer ce que ressent tout parent confronté à la même situation
- Expression de la douleur allant jusqu’à une forme de folie, par la négation de la réalité
- Caractère très vivant du poème, où la parole du poète père de famille au moment des faits se fait entendre
 
Problématiques possibles :
 
* Comment Victor Hugo rend-il ici compte de l'extrême douleur d'un père face à la disparition de sa fille ?
 
* Comment Hugo montre-t-il que la mort de sa fille l'a progressivement conduit vers une forme de folie où il niait cette disparition ?

* En quoi Hugo livre-t-il un poème qui expose les sentiments et états successifs des parents qui ont perdu l'un de leur enfants ?
 

Analyse linéaire :
* Vers 1 et 2 :
- Forme exclamative (deux interjections) : dès le début, le poète exprime sa douleur, renforcée par l’emploi de l’adjectif « fou » et du verbe « pleurai ». Les deux interjections résonnent en tête de vers, et cassent la régularité de l’alexandrin : expression du désarroi du poète.
- Annonce de l’un des aspects majeurs de ce poème : la folie du poète suite à la mort de sa fille. Ici elle est mise à distance par l’emploi de la comparaison (adverbe « comme »). Il a l’apparence d’un fou mais ne l’est pas. Dans la suite du poème, cette folie va s’accentuer.
- Aspect narratif, par l’emploi de verbes au passé simple = actions de premier plan : retour sur le passé, sur ce qui a suivi immédiatement l’annonce de la mort de sa fille.
- Noter que dans ces deux vers, rien n’indique explicitement l’origine de la douleur. En effet, « dans le premier moment », complément circonstanciel de temps placé en 2ème hémistiche du vers 1, donc en évidence, rappelle un instant du temps passé, mais sans indiquer de quoi il s’agit. Pourquoi ?
1ère réponse possible : Hugo conçoit son recueil comme une suite de poèmes qui sont à lire dans la continuité : le lecteur sait, par ce qu’il a lu précédemment, avant ce poème, que le poète évoque la mort de sa fille. Ainsi, la préface la suggère, en parlant de deuil familial ; le titre latin du Livre IV peut se traduire par : quelques vers pour ma fille tant aimée ; les titres des poèmes 2 et 3 de ce Livre IV sont des dates liées à sa fille ; le poème 4 évoque le deuil et Hugo était déjà célèbre au moment de la publication des Contemplations pour que les lecteurs comprennent qu’il évoque notamment le décès de sa fille, et que « trois ans après » suggère le temps passé depuis la disparition de celle-ci.
2ème réponse possible : comme dans la suite du poème, la douleur est telle qu’il est impossible pour le poète de mettre des mots sur la mort de sa fille, de dire de manière directe ce décès. Il suggère donc, reste dans une forme d’implicite. C’est aussi une façon de montrer combien cet événement l’a anéanti : lui, le poète, le spécialiste des mots, ne peut en trouver pour parler ouvertement de cette disparition. La poésie ne peut dire ici complètement, donc la solution est de suggérer au lecteur, que l’indicible se lise entre les mots, entre les vers.
- « amèrement » : au sens figuré, renvoie à la douleur et à la souffrance. Les « trois jours » symbolisent encore le temps de douleur juste après l’annonce de la mort de sa fille : toujours cet aspect narratif aussi.

* Vers 3 à 5 :
- Longue phrase interrogative qui s’étale sur trois vers complets. Interpellation directe et appuyée des parents qui ont vécu la mort de l’un de leur enfant : emploi de la 2ème personne du pluriel dès le début du vers 3, et donc de la phrase, complété par l’apostrophe plus précise au vers 4 des « Pères, mères », et repris par le pronom « vous » en fin de question au vers 5. À noter aussi les pluriels globalisants, que « tous » renforce.
Volonté, ainsi, d’impliquer certains lecteurs dans les sentiments de douleur exprimés, d’échanger autour du sentiment de deuil : comme un dialogue voulu par Hugo, père de famille, avec ceux qui lui ressemblent. Car la réponse à la question est évidente : tout parent ressent cette douleur vive.
De plus, cela rejoint la volonté indiquée par Hugo dans sa préface de lier l’intime et l’universel : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. […] Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir et regardez-vous-y. ». Le poète est celui qui peut mettre des mots sur ce que ressentent de nombreux lecteurs.
Le lien entre le poète et les parents évoqués s’exprime par l’emploi de la 2ème personne du pluriel, mais aussi par celui de la 1ère personne du singulier, notamment par le parallélisme du vers 5 : « j’éprouvais » / « l’avez-vous éprouvé » " reprise du même verbe, pour montrer que la « destinée est une ». 
- Périphrase pour évoquer la disparition d’un enfant : « Dieu prit votre chère espérance ». L’adjectif « chère » rappelle les sentiments d’amour familial, et le nom suggère qu’un enfant est encore en devenir, que les parents placent en eux tous leurs espoirs. Donc le poème est toujours tourné ici vers la douleur intime du poète, vers ce qu’il ressent.
- « espérance » et « souffrance » sont placés à la rime, et s’opposent. Ils montrent ainsi le passage d’un sentiment positif, tourné vers l’avenir de l’être aimé, à celui de la douleur ressentie face à la disparition de celui-ci. L’éloignement avec l’être aimé peut aussi être exprimé par le passage du vers 3 au vers 4 : fin de vers 3 = être aimé / début de vers 4 = les parents. 
- « a souffert ma souffrance » : autre moyen (l’isolexisme : répétition d’un mot, par l’emploi successif de deux mots de la même famille) d’insister sur la douleur exceptionnelle d’un parent quand il perd son enfant. L’assonance en [è] entre « pères », « mères » et « souffert » révèle encore le sentiment de douleur commun à tous ces parents privés de leur enfant. À lier aux nombreux termes qui renvoient ici aux sentiments, montrant que le poète se livre : « espérance » ; « souffert » ; « souffrance » ; « éprouvais » ; « avez éprouvé ».

* Vers 6 :
- Emploi de l’imparfait : état durable du poète, action répétée au long de son travail de deuil après l’annonce de la mort de sa fille.
- Souhait de rejoindre sa fille dans la mort ; rage exprimée devant cette disparition.

* Vers 7 à 9 :
- L’adverbe temporel « Puis » montre que les réactions du poète suite à l’annonce de la mort de sa fille ont été variées, se sont succédées. « par moments » souligne aussi que ses réactions ont varié dans le temps. L’emploi de l’imparfait rejoint celui du vers 6 : actions/états répétés, variables, mais qui reviennent : la douleur a duré, s’est exprimée de diverses manières qui se sont répétées au fil des jours. 
- La révolte est encore une manière d’exprimer la colère (cf. vers 6). L’allitération en [r] peut souligner le cri de rage du poète : « briser », « front » (v. 6), « révoltais », « par », « terrible » (v. 7), « regards », « sur », « horrible » (v. 8), « croyais », « m’écriais » (v. 9).
- Le rythme haché du vers 7 (6 + 1 + 3 + 2 syllabes), puis, dans une moindre mesure, du vers 9 (6 + 5 + 1 syllabes), souligne encore le désarroi du poète, voire la folie (vers 9) (voir ci-dessous l’analyse à ce sujet).
- « cette chose horrible » (v. 8) : emploi d’une périphrase encore, et très imprécise (le nom « chose » ne désigne rien de particulier), pour évoquer cette mort encore une fois indicible. Le pronom « y » (v. 9) évite encore de nommer la mort.
- « terrible » et « horrible » riment, et comportent tous les deux un double [r] visible à l’œil : expression hyperbolique de l’horreur de cette disparition, de la douleur du poète.
- La révolte peut être interprétée autrement : elle est aussi une négation de l’événement, trop horrible pour être accepté. Le vers 9 l’exprime par la négation « je n’y croyais pas », la croyance étant la capacité à adhérer à une idée sans qu’elle soit rationnalisée : mais justement le poète adopte un comportement irrationnel puisqu’il n’accepte pas la réalité que l’on ne peut nier. Sa fille est bien morte. C’est de nouveau une manière pour Hugo de montrer combien sa douleur était immense, en reconstituant sa façon de réagir à la suite de cet événement. Quand un événement est trop horrible pour être accepté par l’esprit humain, il peut être rejeté dans l’irréel, nié. Noter que la négation forte mise en valeur après deux points, et avec exclamation en fin de vers 6, frappe le lecteur (« Non ! ») est encore une manière de montrer ce refus d’accepter la réalité.
La folie suggérée dès le vers 1 devient ici plus forte : attitude désordonnée des fous au vers 6, regard fixe des fous au vers 8, refus de la réalité au vers 9, cri au vers 9 (« je m’écriais » + « Non ! »).  

* Vers 10 et 11 :
- 2ème phrase interrogative du poème. Celle-ci n’est pas expressément adressée aux parents, est plus large (pas d’apostrophe directe). Toutefois elle semble en partie adressée à Dieu, puisque son pouvoir de vie et mort sur les humains a été noté au vers 3, et qu’ici il est suggéré qu’il est à l’origine de la douleur éprouvée par le parent qui perd son enfant : « Dieu permet », « qui font » (noter le présent de vérité générale, très accusatoire, comme s’il s’agissait d’une vérité durable au sujet de Dieu).
- La douleur immense est encore exprimée ici : hyperbole de « malheurs sans nom » ; « désespoir ». L’emploi du verbe « se lève » semble personnifier le désespoir, lui donner ainsi un caractère encore plus concret.
- « ces malheurs sans nom » renvoie encore une fois à l’indicible, à l’impossibilité de dire ouvertement la mort.
- La question est mise entre parenthèse : comme un moment d’égarement de la part du poète ? Il a osé un moment penser accuser Dieu d’être responsable de la mort de sa fille et de sa douleur extrême. Mais les parenthèses peuvent ainsi mettre en évidence qu’il s’agit de ce qu’il a pensé à ce moment-là, dans les premiers temps après la mort de sa fille. À noter que dans le poème, qui précède celui-ci dans le Livre IV, Hugo interpelle aussi Dieu à propos de son malheur.

* Vers 12 à 16 :
- Longue phrase, qui enchaîne 5 propositions subordonnées conjonctives, toutes COD du verbe « Il me semblait » (v. 12), et débutant donc toutes par la conjonction « que » : sorte de liste, de litanie de ce que le poète imagine. C’est une manière de donner corps pour le lecteur à ce que le poète pensait dans ces moments. Si le verbe « sembler » à l’imparfait suggère bien que ceci n’est que l’impression passée du père de famille Hugo, que le poète met à distance, l’enchaînement des subordonnées nous permet à nous lecteurs de nous mettre à sa place dans les jours qui ont suivi la mort de sa fille. C’est encore un moyen pour le poète de faire partager l’expression d’une douleur qui lui était toute personnelle, de créer un lien entre le vécu du poète et nous-mêmes puisqu’on peut ainsi s’identifier à lui.
- Le terme de « rêve » (« affreux » exprime la douleur, la souffrance, le rejet par le poète de la réalité de sa fille morte) inaugure ce moment d’hallucination, de folie. Il renverse les choses : la réalité de la mort de sa fille n’est qu’un cauchemar ; elle n’est pas morte. Du moins le père de famille éploré imagine qu’elle ne l’est pas, que cette annonce n’est pas vraie. Les autres négations qui suivent (« elle ne pouvait pas » v. 13 ; « impossible » avec préfixe créant l’antonyme v. 15) montrent encore son refus d’accepter la réalité, parce qu’elle est trop horrible pour l’être. L’emploi du mode subjonctif pour le verbe « être », juxtaposé à l’adjectif « morte » (enfin le mot est lâché, mais pour être nié !), nie encore ce décès : le subjonctif est le mode de l’irréel.
- On remarque encore que l’hallucination prend forme dans les vers 14 et 16, qui sont entrecroisés avec les autres vers où apparaissent les négations : la folie a gagné le poète dans ces moments de douleur. Les sens sont gagnés par cette folie : « entendais » ; « voir », renforcés par des éléments spatiaux, de décor (« la chambre à côté » ; déterminant démonstratif « cette porte ») : ce qu’il imagine devient réel pour lui. Les verbes à l’imparfait montrent toutefois que le poète plus âgé, celui raconte, sait désormais que ceci n’était pas vrai. Il laisse ces évocations nées de la folie dans son passé.
Le pronom utilisé est « elle » (v. 13, 15) ou « la » (v. 16), ou, moins nettement identifiée au féminin « l’ » (v. 14) : il désigne sa fille de manière lus directe ici qu’avant dans le poème, comme pour donner encore une fois une réalité à son rêve du moment. Elle semble presque exister encore, vivre.
- Le malheur de la disparition tranche avec le bonheur passé, qui a disparu, ce que le rire de sa fille disparue met en évidence (v. 14).

* Vers 17 à 20 :
- L’espace qui sépare ces quatre vers des précédents n’indique pas que le père de famille se reprend. Au contraire, l’hallucination semble encore plus s’accentuer. L’emploi successif du passé composé (v. 17) (qui tranche avec le passé simple du tout début du poème), qui évoque un passé récent, encore en lien avec le présent du personnage, puis du présent de l’indicatif (v. 19-20), comme si le rêve devenait réalité.
- La folie est suggérée par l’aspect répétitif d’une attitude irrationnelle : dès le début du quatrain, on note cette répétition : « que de fois », sous la forme d’un regret de s’être comporté de cette manière. La répétition, le ressassement du père qui ne peut accepter d’avoir perdu son enfant se fait encore sentir par la reprise de la même interjection qu’au tout début du poème (« oh ! », v. 1 & v. 17), comme si le lecteur revenait encore sur le début du texte (l’espace laissé avec ce qui précède peut aussi y faire penser), se mettait dans les pas du poète qui ne cesse de se répéter toujours les mêmes idées.
- Hugo se cite lui-même, manière de laisser le lecteur imaginer dans quel état il se trouvait à la suite de la mort de sa fille. Il souhaite que le lecteur puisse se rendre compte concrètement de ce que peut provoquer sur un parent la mort de son enfant. Les exclamatives, parfois, très courtes, suggèrent une agitation, la joie d’avoir retrouvé son enfant, mais donc aussi l’égarement, la folie qui s’empare du poète. Le caractère haché des alexandrins, une nouvelle fois, suggère aussi cette agitation, et l’égarement du poète : 1 + 5 + 2 + 4 syllabes (vers 17) ; 2 + 10 syllabes (vers 18) ; 3 + 3 + 3 + 3 syllabes (vers 19).
Le caractère presque réel de la présence de sa fille s’exprime, comme dans les vers 14 et 17, par des références à des sensations, ici uniquement auditives (« elle a parlé » ; « bruit de sa main » ; « que j’écoute »). Cela montre qu’il ne peut que croire qu’il l’entend, puisqu’il ne peut la voir.
La référence à un objet (la clé) ou l’évocation du lieu (« quelque part » v. 20) donne aussi une réalité à l’évocation de sa fille, qui semble vraiment encore habiter les lieux, être présente. Le présentatif « voici » semble montrer ce que le poète suggère, le fait que Léopoldine vient de rentrer, et qu’elle n’était donc pas morte. Les impératifs veulent aussi prouver à des interlocuteurs dont on ne précise pas l’identité (mais auxquels les lecteurs peuvent s’identifier) que sa fille est encore là : « tenez ! », « attendez ! », « laissez-moi ».  
- L’intimité de cette hallucination s’exprime par l’emploi alterné des pronoms de la 1ère personne  et de la 3ème personne (« j’ » et « elle » au vers 17 ; « elle » et « moi », « j’ » au vers 19), comme si la proximité existait encore entre le père et sa fille. Le fait de terminer également par le GN « la maison » (vers 20) évoque à la fois le bâtiment, et la réunion de la famille sous le même toit. Il veut la retrouver, et exprime ainsi encore l’amour qu’il portait à sa fille.
- Le poète s’enferme dans sa folie, se coupe de la réalité et de ceux qui l’entourent : l’espace laissé, pour créer un quatrain final, peut être ainsi interprété. Mais il exige aussi le « silence » et demande de le laisser, comme seul.
- Quelques indices laissent cependant penser que la folie n’est pas totale, et que le poète, au fond de lui-même, sait qu’il refuse la réalité. Le poème se termine ainsi par « sans doute », qui exprime justement l’incertitude (et pas seulement du poète plus âgé qui s’exprime, mais du père éploré à l’époque des faits, puisque nous sommes dans des citations de paroles prononcées par le passé). La quatrain débute par une précision donnée par le poète plus âgé, comme une mise à distance des paroles citées : « que de fois j’ai dit ». Il insiste ainsi par le verbe de parole sur le fait que toute cette évocation était bien seulement la conséquence d’une hallucination, de délires intérieurs. Et la répétition suggérée par « que de fois » montre qu’ici il s’agit d’une reconstitution, d’un résumé d’une attitude qui s’est en fait répétée. L’incertitude du « quelque part » souligne aussi combien il sait que sa fille n’est en fait pas présente.    

* Lieu et date de fin de poème :
- La date est celle du 9ème anniversaire de la mort de sa fille : le poème est un hommage rendu à sa fille, mais aussi on peut imaginer qu’à cette date, il replonge dans ses souvenirs encore vivaces.
- Jersey : Hugo y est en exil, loin aussi des lieux du drame et de sa vie précédente. « Autrefois » est bien loin de lui.

dimanche 22 mars 2020

Emission de France Culture sur Victor Hugo


Le confinement est l'occasion d'aller écouter ces quatre émissions de France Culture sur Victor Hugo, bon complément à notre séquence sur Les Contemplations :






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