samedi 30 janvier 2021

Michel Le Bris ou la littérature pour voyage

 


 

Michel Le Bris, écrivain, voyageur, créateur du festival des Étonnants voyageurs de Saint-Malo, a chaussé ses semelles de vent pour l'au-delà des mots. Adieu et rendez-vous entre les pages de tous les auteurs aventuriers... 

https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2021/01/30/mort-de-l-ecrivain-michel-le-bris-fondateur-du-festival-etonnants-voyageurs_6068221_3382.html

 

 

 


jeudi 21 janvier 2021

Les Lettres persanes : les lettres à connaître

 


Lettres relatives à la religion

17 : critique de certains rites musulmans, qui ne résistent pas à un examen rationnel

24 : critique de l’autorité du pape catholique (un magicien plus grand que le roi) sur les autorités politiques (les princes), & critique des croyances qu’il impose

46 : apologie d’une religion naturelle qui fait de bons citoyens

57 : parasitisme des prêtres, critique des casuistes

75 : les Chrétiens ne respectent pas les préceptes de leur religion, leur foi est versatile

85 : avantage d’avoir plusieurs religions dans un Etat

117 : les avantages du protestantisme, critique du célibat des prêtres

 

Lettres relatives à la politique

11-14 : naissance et devenir des sociétés (Troglodytes)

24 : le roi est un grand magicien

37 : le roi de France est vieux et contradictoire

51 : critique du despotisme (par celle du czar de Russie)

80 : réflexion sur le meilleur gouvernement : mieux vaut un gouvernement doux car la sévérité des peines n’est pas plus efficace pour faire respecter la loi

(92 : la Régence)

103 : tyrannie des princes d’Orient, violence de leur exercice du pouvoir (assassinats, …)

104 : le système anglais – freins de l’absolutisme

131 : République

 

Lettres relatives à d’autres sujets philosophiques, propres aux Lumières

30 : Comment peut-on être Persan ? : critique de la superficialité de l’intérêt des Français pour les étrangers et leur culture

59 : relativité des jugements

97 : éloge de la philosophie des Lumières

118 : critique de la traite des Noirs

Lettres relatives à la satire de la vie sociale

36 : les cafés

50 : règne de l’image, de la vanité

99 : mode

 

Lettres relatives aux femmes

38 : doit-on subordonner les femmes aux hommes ?

55 : rapports entre époux en France

62 : éducation des filles et condition des femmes en Orient

63 : liberté des femmes (Rica évoque les charmes de la société française, y compris du badinage avec les femmes)

161 : suicide de Roxane (voir aussi toutes les autres lettres du sérail)

 

Lettres relatives aux sciences

97 éloge des scientifiques des Lumières

128 (géomètre)

135 (bibliothèque science)

 

La Princesse de Clèves : les passages à connaître


 

Première partie :

 

* L’incipit (« La magnificence et la galanterie… d’un mérite extraordinaire »)

 

* L’arrivée de la Princesse à la Cour (1er texte étudié en lecture analytique)

 

* La description de la Cour (« Mme de Chartres, qui avait eu tant d’application pour inspirer la vertu à sa fille, ne discontinua pas de prendre les mêmes soins dans un lieu où ils étaient si nécessaires et où il y avait tant d’exemples si dangereux… dans des choses où l’on était souvent embarrassée quand on était jeune. »)

 

* 1ère rencontre entre la Princesse et Nemours (2è texte étudié en lecture analytique), et les suites immédiates de cette rencontre («  La Reine les interrompit pour faire continuer le bal… ce qui paraît n’est presque jamais la vérité. »)

 

* Le refus de la Princesse d’aller au bal du maréchal de Saint-André pour ne pas voir Nemours, et l’aveu à elle-même de son amour pour lui (« Mme de Chartres combattit quelques temps l’opinion de sa fille… à conter à Mme de Chartres ce qu’elle ne lui avait point dit encore. »)

 

* La mort de Mme de Chartres, dernier dialogue entre la Princesse et sa mère (« Lorsqu’elle revint chez sa mère, elle sut qu’elle était beaucoup plus mal qu’elle ne l’avait laissée… de tout ce que je viens de vous dire. »)

 

Deuxième partie :

 

* Récit enchâssé : l’histoire de Mme de Tournon (début de la 2ème partie du roman)

 

* Le vol du portrait de la Princesse par Nemours (« Il y avait longtemps que M. de Nemours souhaitait d’avoir le portrait de Mme de Clèves… retomba dans l’embarras de ne savoir quel parti prendre. »)

 

* Mme de Clèves montre involontairement ses sentiments pour Nemours lorsqu’il est blessé (« Peu de jours avant l’arrivée du duc d’Albe… elle était mêlée de quelque sorte de douceur. »)

 

* Récit enchâssé : les intrigues amoureuses du vidame de Chartres (fin de la 2ème partie du roman : « Depuis que je suis à la Cour, la Reine m’a toujours traité avec beaucoup de distinction... » " début de la 3ème partie du roman « … de l’aller retirer des mains de Mme la Dauphine. »)

 

* La réécriture commune de la lettre du Vidame et la jalousie de la Princesse (« Mme de Clèves se retrouva dans un nouvel embarras… ce qui était arrivé de la fausse lettre du vidame. »)

 

Troisième partie :

 

* L’aveu de sa passion par la Princesse à son mari (« Vous ne me dites rien, reprit-il… Lorsque ce prince fut parti »)

 

* L’évocation de l’aveu à la Cour devant la Princesse et Nemours (« Le voilà lui-même, et je veux lui demander ce qui en est… elle s’en alla chez elle. »)

 

* Les réactions de M. de Clèves, de Mme de Clèves, du duc de Nemours après la scène de la discussion à la Cour sur l’aveu (« Il est aisé de s’imaginer en quel état ils passèrent la nuit… M. de Nemours fut longtemps à s’affliger et à penser les mêmes choses. »)

 

* Le jour du tournoi et la mort du roi (« Enfin le jour du tournoi arriva. » " fin de la troisième partie)

 

Quatrième partie :

 

* La retraite de la Princesse à Coulommiers (« Mme de Martigues vint à Coulommiers… de s’y promener seule une partie de la nuit. »)

 

* Nemours à Coulommiers observe la Princesse, sait qu’elle pense à lui. Ses réflexions et sa 2ème tentative de la voir (« Le gentilhomme qui était très capable… la conduite qu’elle avait eue jusqu’alors. »)

 

* Le dernier dialogue entre les époux de Clèves avant sa mort de M. de Clèves (« Vous versez bien des pleurs… et pour M. de Nemours ne se peut représenter. »)

 

* Les réflexions de Mme de Clèves, entre passion et raison (« S’il eût su ce qu’il évitait… dans le même jardin où elle l’avait trouvé. »)

 

* Le dialogue entre Nemours et la Princesse, chez le Vidame (« L’on ne peut exprimer ce que sentirent M. de Nemours et Mme de Clèves… Elle sortit en disant ces paroles »)

 

* L’excipit (« Cette vue si longue et si prochaine de la mort... » " fin du roman)

 

lundi 11 janvier 2021

Bac blanc : pistes de correction pour la dissertation sur les Lettres persanes

 



Rappel du sujet : Roman épistolaire, que Montesquieu présente dans son introduction comme un recueil de lettres véritables, et qui met en scène des personnages multiples d’origines diverses, les Lettres persanes cultivent l’art du détour sous différentes formes. Comment cet art du détour est-il un moyen utilisé par Montesquieu à des fins critiques ? Vous répondrez à cette question dans un développement organisé en vous appuyant sur le roman de Montesquieu, sur les textes que vous avez étudiés dans le cadre du parcours associé et sur votre culture personnelle.


Analyse du sujet :

1- Il faut d’abord se focaliser sur la partie de l’énoncé qui contient la question, la problématique. Ici, c’est la question « comment… fins critiques ? ». Le reste doit donner des pistes d’interprétation (on peut mieux comprendre parfois le sens d’un mot de l’énoncé grâce à ce qui précède la question), doit permettre de trouver des idées supplémentaires.


2- Le mot essentiel de la question posé était « détour ». Si on l’analyse en dehors de la question, il fait penser à : un changement de direction sur un trajet déterminé, mais pour revenir à ce 1er objectif ; un trajet qui s’avère donc plus long ; l’objectif du détour peut être complémentaire à l’objectif du trajet initial, ou pas ; quand on fait un détour, ce qui unit l’ensemble du trajet est que ce sont les mêmes personnes qui le font (même raisonnement, même regard, …), et qu’il y a retour au trajet prévu dès le début.

- On peut imaginer aussi qu’il puisse y avoir plusieurs détours successifs.

- Le détour peut être géographique, mais peut aussi être celui d’une conversation, du déroulé d’une réflexion, dans un sens par conséquent plus abstrait.


3- Ensuite, il fallait remettre le terme « détour » dans la phrase du sujet afin d’en comprendre le(s) sens dans ce contexte. Il est présenté comme un « moyen », donc comme un outil, et non comme un objectif en soi. Le détour est donc utilisé par Montesquieu (puisque le sujet est lié expressément aux Lettres persanes) non pour lui-même, mais pour emmener son lecteur où il le souhaite : c’est le sens de « fins critiques ». Donc l’objectif est argumentatif.


4- Il fallait ensuite se demander de quels types de détours Montesquieu use dans son roman. C’est alors ce qui précédait la phrase énonçant la problématique qui permettait de le déterminer, en plus de votre réflexion personnelle bien sûr !

- L’aspect épistolaire était cité, tout en rappelant le genre romanesque : ne pas adopter un narrateur omniscient comme cela était déjà le cas dans le genre romanesque au XVIIIè siècle est une forme de détour : ce sont les personnages auteurs des lettres qui deviennent en quelque sorte porteurs du récit et des réflexions menées. Montesquieu se cache donc derrière eux (protection contre la censure et ses conséquences, notamment), mais cela multiplie également les angles de réflexion (« personnages multiples d’origines diverses » était-il noté dans le sujet), chaque personnage étant porteur de son propre regard, qui n’est peut-être pas forcément celui de Montesquieu.

- Le genre romanesque lui-même est une forme de détour, puisque l’auteur n’offre pas ses réflexions de manière directe, comme dans un essai, mais par l’intermédiaire d’une fiction, comme dans les apologues (fables de La Fontaine, contes philosophiques de Voltaire, …).

- Le regard éloigné n’était pas indiqué de manière explicite dans le sujet, mais il devait bien entendu être pris en compte puisqu’il s’agit du parcours associé à l’œuvre. Il est une autre forme de détour, celui du regard étranger, différent, nouveau, naïf éventuellement, que ce soit sur les réalités françaises par les personnages du roman, ou sur les réalités persanes, puisque les personnages, par leurs comparaisons, peuvent aussi être amenés à réfléchir sur leur propre culture. Montesquieu lui-même fait un détour par la culture persane pour mieux revenir à la France.


Pistes de réflexion :


NB. Je n’ai pas ici inclus le plus souvent d’exemples précis issus des Lettres persanes : il faudrait les ajouter aux arguments présentés.


1) L’art du détour par la fiction :

Montesquieu choisit, comme d’autres auteurs des Lumières, de passer par la fiction, pour provoquer la réflexion de ses lecteurs, et diffuser ses idées. Il y a plusieurs intérêts à procéder ainsi et Montesquieu use de techniques diverses pour atteindre ces objectifs :


a- intéresser le lecteur, l’entraîner dans la lecture jusqu’au bout de l’œuvre :

- Le lecteur va s’intéresser à l’aspect narratif de l’œuvre, va chercher à connaître la suite de l’histoire : celle des deux Persans partis en voyage depuis la Perse jusqu’en France ; le roman du sérail ; les récits secondaires (exemple : les Troglodytes).

- Le lecteur est relancé dans son intérêt pour l’œuvre par sa diversité : les interlocuteurs ne sont pas toujours les mêmes, n’ont pas le même caractère, les mêmes préoccupations, les mêmes sentiments et émotions, ... ; les sujets abordés sont divers (politiques, économiques, religieux, …) et concernent soit une nation entière (le plus souvent la France) soit seulement les personnages du récit (la révolte des femmes au sérail d’Usbek) ; on alterne entre des problèmes de différentes contrées du monde (français, perses, …). 

b- se protéger d’une affirmation personnelle directe et donc éviter les foudres de la censure du régime monarchique ou de l’Église :

- les personnages sont en quelque sorte responsables de leurs jugements, et l’auteur ne peut donc être tenu responsable de ce qu’ils affirment.

- puisqu’il s’agit de lettres adressées par ceux qui les écrivent à des amis, cela justifie qu’ils se livrent, se montrent sincères et ne prennent pas de précaution pour expliquer ce qu’ils pensent de telle ou telle situation.


c- en passer par des situations concrètes permet de :

- mieux faire comprendre les idées émises.

- démontrer par le récit la validité des idées exposées : puisqu’elles sont mises en œuvre dans des situations concrètes, c’est qu’elles ne sont pas uniquement le fruit d’une réflexion déconnectée de la réalité, mais au contraire qu’elles sont la conséquence de l’observation de la réalité.


d- l’ironie, technique littéraire, est encore un autre moyen de mettre en place un regard distancié :

- elle permet, par l’exagération, et/ou en mettant en évidence l’absurdité des situations, d’opérer une remise en question de certaines habitudes, de certaines manières de s’organiser politiquement ou socialement.

- elle rend le lecteur complice de l’opinion émise, puisqu’il doit être attentif pour comprendre l’implicite du discours ironique.


2) Le détour par le regard éloigné, étranger :

Le détour le plus évident, au vu du parcours associé à l’œuvre, est celui du regard étranger, notamment sur les réalités françaises du XVIIIè siècle.


a- adopter le regard des deux Persans permet de renouveler le regard des lecteurs français sur des réalités qui leur sont habituelles.

- les deux étrangers s’étonnent, presque naïvement (mais sans être idiots, au contraire), de ce qui est la norme pour les Français : cela permet d’interroger des habitudes qui peuvent, doivent même, si l’on suit l’esprit rationaliste des Lumières, être soumises à la critique, à la Raison.

- les Persans peuvent ainsi apparaître, dans leur attitude intellectuelle (manière de chercher à comprendre, blâmes), comme des philosophes des Lumières.


b- la comparaison entre leur culture d’origine et la culture française permet de montrer que les us et coutumes françaises ne sont pas universels, de relativiser.

- le goût des voyages, l’intérêt des Lumières pour les cultures autres résident dans leur volonté de réfléchir à l’universalité de l’être humain et au respect qu’il faut avoir pour toute culture.

- comparer, c’est s’apercevoir que toutes les cultures, toutes les religions, toutes les organisations sociales et politiques peuvent avoir un intérêt. Elles élargissent le champ de la réflexion en offrant des modèles alternatifs de compréhension du monde et de l’être humain.


c- les deux Persans sont aussi amenés à remettre en question leur propre culture, leurs propres manières de comprendre le monde et les hommes.

voyager, c’est aller vers l’altérité, vers la différence, c’est accepter de s’ouvrir à ce qui n’est pas soi. Cette mise en danger, hors des cadres rassurants de ses propres codes de pensée ou de conduite, peut régulièrement amener à relancer une forme de réflexion personnelle rationnelle, éloignée des affects.

- au-delà de l’image des deux Persans qui réfléchissent sur leur système politique ou social par exemple, les deux personnages montrent une réflexion plus universelle, rejetant ainsi l’intolérance religieuse, d’où qu’elle vienne. Ce sont des valeurs jugées universelles par les Lumières que les philosophes du XVIIIè siècle défendent.

- ils sont ainsi une invitation à chaque lecteur à ne pas s’enfermer dans des modes de pensée uniques. Le lecteur des Lettres persanes peut s’identifier aux Persans, et remettre en question son propre modèle social, politique, etc.


d- le regard éloigné est aussi celui des femmes dans ce roman de Montesquieu.

les deux Persans sont des hommes. Le fait que Montesquieu termine son roman en donnant la parole à des femmes montre combien le statut de celles-ci lui tient à cœur. Auteur homme, il fait un détour par le regard féminin, incitant également le lecteur (masculin notamment, mais aussi féminin bien entendu) à s’identifier à ces personnages afin de partager leurs sentiments, et leurs réflexions. La découverte d’un roman permet au lecteur de s’identifier à des êtres qui sont très différents de lui.