dimanche 8 novembre 2020

Questionnaire sur le mouvement des Lumières et les Lettres persanes de Montesquieu : pistes de correction

 


I- Les Lumières (lien à partir de la page d’accueil de l’exposition : « les lumières »)

1- Quelle est la faculté humaine que les philosophes du XVIIIè siècle mettent en avant afin de permettre de passer de l’obscurantisme à la « lumière » ?

Il s’agit de la Raison, de la faculté humaine de jugement, de réflexion, de raisonnement. Son exercice doit permettre de sortir de l’obscurantisme des fanatismes et des superstitions, des croyances. Les Philosophes considèrent que tous les êtres humains sur Terre en sont dotés.

 

2- Malgré leurs différends, sur quoi les hommes des Lumières s’accordent-ils ?

- Foi absolue en la raison humaine : référence de jugement. Tout est soumis à l’examen, basé sur un modèle scientifique. Volonté de lutter contre les préjugés, les superstitions, tout ce qui n’est pas fondé en raison. Ex. Voltaire a combattu une partie des doctrines enseignées par l’Eglise chrétienne, relevant ses absurdités.  

 

- Volonté de progrès : propositions de changements dans les mentalités, d’évolutions dans le domaine politique et social. Ex. Rousseau et le Contrat social. 

 

- Lutte pour la tolérance et le respect des libertés de tous. Ex. Critiques sévères contre l’esclavage (Montesquieu, Voltaire). Respect des croyances de chacun quand elles ne l’enferment pas dans un système figé de raisonnement. Désir de justice (Ex. Voltaire défendant Callas). Lutte contre le pouvoir absolu du roi, contre celui des nobles : attention plus grande portée au mérite individuel indépendamment de la naissance.

 

- Recherche en définitive de tout ce qui peut assurer un bonheur terrestre (et non dans l’au-delà).

 

- L’altérité : attention soutenue aux autres cultures, volonté de se décentrer, pour remettre en cause les sociétés européennes. Ex. mythe du bon sauvage.

 

- L’Encyclopédie : la connaissance est source de progrès humain vers la vertu, le bonheur. Volonté de diffuser des idées nouvelles, de faire l’inventaire des connaissances humaines et de les vulgariser.

 

II- La critique religieuse (lien à partir de la page d’accueil de l’exposition : « la religion »)

3- En quoi liberté de penser et religion ne s’accordent-ils pas bien selon les philosophes des Lumières ?

Pour penser librement, il faut n’être soumis à aucune autorité, à aucun dogme, modèle de pensée. La religion chrétienne (catholique plus précisément), dominante en France au XVIIIè siècle, impose sa manière de comprendre le monde, les êtres humains, leur histoire, ou même les sciences. Chaque être humain n’est pas libre de penser par lui-même dans ce cadre religieux : c’est l’Eglise qui dicte la voie de la pensée humaine, de la morale.

C’est pourquoi les philosophes des Lumières, Voltaire en tête, vont attaquer avec vigueur le poids des institutions religieuses sur les citoyens, sur le fonctionnement des sociétés européennes. Attention : les philosophes ne sont pas athées (sauf Diderot vers la fin de sa vie), il ne rejette pas la foi en Dieu. Ils critiquent essentiellement l’Eglise, des prêtres jusqu’au Pape, dans leur volonté d’imposer au peuple des vérités sans réflexion, sans liberté de choix. Cette liberté peut notamment porter sur le choix de la religion, de a croyance, ou de l’absence de croyance : le regard sur les religions dans le monde entier poussent les Philosophes à une attitude tolérante sur les différentes religions du monde.

 

4- Quelles sont les différentes religions auxquelles il est fait référence dans Les Lettres persanes ?

De nombreuses religions connues et répandues à l’époque de Montesquieu sont présentes dans les Lettres persanes : religion chrétienne ; religion musulmane ; religion juive ;  religion hindouiste.

 

5- Que dénonce le roman de Montesquieu à propos des religions ? Référez-vous à des citations précises de certaines lettres pour répondre.

- Il dénonce les superstitions : défense de la Raison. Montesquieu milite en faveur de la Raison. Il n’est pas loin du déisme de Voltaire dans ses Lettres persanes : un dieu laïc auquel on se réfère puisqu’il dispense des messages, mais qui n’impose aucun dogme, aucune manière de faire et de penser.

 

- Il souligne les contradictions entre la loi religieuse et la pratique religieuse.

 

- Il s’oppose au fondamentalisme religieux, aux dogmes rigides imposés à tous et présentés comme des vérités inattaquables, indiscutables.

 

- Il dénonce l’abandon à la Providence (donc il rejette l’idée que Dieu agit partout, tout le temps).

 

- Il s’oppose à l’autorité des dignitaires de l’Église (Pape en tête).

 

- Il s’oppose au prosélytisme religieux : chacun doit pouvoir choisir sa religion.

 

- Il appelle à la tolérance entre les religions. Reconnaissance du pluralisme des religions.

 

NB. Il faut noter que pour Montesquieu, religion et gestion de la société sont liés : Pour les Troglodytes, ce qui les unit est la conscience du bien commun. La religion est l’un des éléments parmi d’autres qui permet d’unifier les membres d’une société, de consolider le lien social.

 

- Lettres du roman de Montesquieu qui pouvaient être étudiées (entre autres) : (15), 17, 18, 24, 25, 33, 35, 49, 57, 60, 83, 101

 

III- La critique politique (lien à partir de la page d’accueil de l’exposition : « l’ordre politique »)

6- Voltaire et Diderot imaginent que certains dirigeants politiques puissent appliquer les nouvelles idées des Lumières : comment appelle-t-on ce type de dirigeant ?

Ils vont l’appeler le « despote éclairé ». Voltaire sera en lien avec Frédéric II de Prusse, et Diderot avec Catherine II de Russie. Ils imaginent que ces dirigeants, certes détenteurs d’un pouvoir immense et qui ne leur a pas été délégué par le peuple, puissent malgré tout faire le bien de leurs populations. En effet, ces dirigeants sont modernes, cultivés, et, selon nos Philosophes, ouverts à la discussion et aux idées nouvelles.

 

7- Quelles catégories de populations semblent ne pas bénéficier, au XVIIIè siècle, de la valeur d’égalité de tous les êtres humains mise en avant par les philosophes des Lumières ? C’est pourquoi un certain nombre d’entre elles seront défendues par ces philosophes.

Les femmes, mais aussi les esclaves, et plus largement tous ceux qui exercent des fonctions subalternes, sont défendus par les Philosophes, au nom du principe de l’égalité de tous.

 

8- Dans Les Lettres persanes, comment l’égalité de tous est-elle défendue ? Basez-vous sur des citations précises pour répondre.

Ce n’est pas forcément l’un des sujets majeurs de l’œuvre. Néanmoins, puisque les différentes valeurs des Philosophes sont liées entre elles, l’égalité des êtres humains transparaît dans Les Lettres persanes. Attention toutefois à ne pas faire de Montesquieu un révolutionnaire égalitariste. Il restait attaché par exemple à la distinction entre noblesse et bourgeoisie. Comme de nombreux philosophes, il souhaite plus une évolution vers plus de respect entre les classes sociales en France, qu’un véritable changement sociétal.

 

- Égalité entre les hommes et les femmes : dernière lettre de l’œuvre écrite par Roxane, revendicatrice de liberté, et donc d’égalité dans le couple. La fin tragique de Roxane montre aussi à quoi peut aboutir la tyrannie des hommes sur les femmes. La lettre 38, entre autres, soulève aussi cette question, dénonçant « une véritable injustice » que celle de la « tyrannie » des hommes sur les femmes. La lettre 141, qui développe un conte, celui d’« Ibrahim et Anaïs », défend le droit des femmes au plaisir physique.

 

- Égalité des êtres humains sur la planète : le seul fait de donner la parole à des Persans, de montrer leurs capacités de réflexion, leur habileté à s’adapter à cette nouvelle culture mais aussi à en dénoncer les travers, démontre que Montesquieu place ces étrangers sur le même plan que les Français. Il montre aussi le manque de raisonnement des Français.

 

- Dénonciation de certaines inégalités en France au XVIIIè siècle : dans la lettre 89, Usbek fait remarquer qu’en France, ceux qui « sont grands par leur naissance » le « sont sans crédit », qu’ils n’apportent rien à la nation, sont oisifs, alors qu’« en Perse, il n'y a de grands que ceux à qui le monarque donne quelque part au gouvernement ».  C’est une manière de noter que les nobles, puissants par leur naissance, ne méritent pas forcément leur rang. 

  

- Dénonciation de différentes formes d’autorités jugées excessives : celle du Roi ou du sultan ; celle du Pape. Il ne s’agit pas véritablement d’appeler à l’égalité de tous, mais de défendre tout de même le droit de chacun à penser, à choisir et à vivre heureux.

La réflexion politique est par exemple menée dans la lettre 123 : « L’égalité même des citoyens, qui produit ordinairement de l’égalité dans les fortunes, porte l’abondance et la vie dans toutes les parties du corps politique, et la répand partout. Il n’en est pas de même des pays soumis au pouvoir arbitraire : le prince, les courtisans et quelques particuliers, possèdent toutes les richesses, pendant que tous les autres gémissent dans une pauvreté extrême. » La fable des troglodytes (lettres 11 à 14) propose une réflexion politique, qui met en valeur l’altruisme, la solidarité, la cohésion sociale autour de la vertu de chacun plutôt qu’autour d’un despote (même si ces lettres ne défendent pas non plus la démocratie).

 

IV- Le goût pour l’Ailleurs (lien à partir de la page d’accueil de l’exposition : « l’universalité »)

9- Comment le goût pour l’Ailleurs est-il exploité dans Les Lettres persanes ?

- Choix des deux personnages principaux : des Persans. La Perse est éloignée géographiquement pour les lecteurs européens de Montesquieu, à une époque où seules certaines personnes voyagent. Montesquieu développe une forme d’exotisme, en citant des noms de lieux éloignés de la France, et qui peuvent faire ainsi rêver (les lecteurs s’échappent de leur réalité française).

 

- Montesquieu se place dans le sillage des nombreux récits de voyage en Orient au XVIIIè siècle (de 1610 à 1715 : plus de deux cents récits), qui offrent un regard nouveau sur une culture autre. Cette culture apparaît dans son roman par : la religion musulmane, qui n’est pas très connue à l’époque ; les vêtements différents ; les langues non latines ; l’organisation administrative et politique différente ; la vie maritale différente (les harems font fantasmer) ; le calendrier différent.

 

- Le goût pour l’Ailleurs est aussi celui des voyageurs persans : la France est exotique pour eux. C’est ce qui permet de mettre en scène leur regard, de développer leur regard étonné et comparatif, leur admiration ou leur rejet, selon les cas et situations observées.

 

- Au final, Montesquieu utilise cet outil de la confrontation des cultures différentes, des regards différents, pour développer une réflexion tolérante, qui observe l’Autre, compare, accepte la différence. Et, comme nous l’avons évoqué avec le sujet de dissertation, cette confrontation permet aussi (et surtout ?) un regard critique sur soi-même, une distance à sa propre culture, à ses propres mœurs.

 



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