lundi 13 janvier 2020

Lecture analytique linéaire : l'aveu de la Princesse de Clèves


Plan du texte :
Passage en 3 moments :
1) l’aveu de la princesse, au discours direct (moment dramatique traité sur le mode théâtral)
2) reprise de la narration avec description des gestes de monsieur de Clèves « pendant tout ce discours »
3) la réponse du mari au discours direct, avec effets de reprise des paroles de sa femme

Aspects majeurs du texte :

* Un moment crucial du roman, mais aussi entre les deux époux : importance de la parole qui dévoile. Ils se livrent l'un à l'autre. 

Ainsi le passage est construit comme un dialogue, et sur un parallèle de la parole entre les deux personnages (le Prince répond en miroir aux propos de la Princesse).

* Les deux personnages apparaissent comme exceptionnels aux yeux du lecteur par ce disocurs de vérité, mais aussi par la moralité et la relation à leur épouse/époux. Ils diffèrent des autres personnages du roman, des membres de la haute aristocratie à laquelle ils appartiennent à la Cour. 

* Les paroles des deux époux ont une visée explicative (se livrer), mais aussi pour la Princesse une visée argumentative : sa parole est orientée vers la volonté de convaincre son époux de sa bonne foi, de sa moralité sauve, et enfin qu'elle doit pouvoir se retirer de la Cour (lui seul peut valider ce choix puisqu'il est son époux).

* Les personnages font à la fois montre de force et de faiblesse, d'autorité et de soumission.  
 

Étude linéaire :
1) L’aveu de la Princesse :
* La singularité du passage est signalée par l’emploi de paroles rapportées au style direct (pour la Princesse et ensuite pour le Prince). Ceci donne une théâtralité au passage. De plus, dès début de son intervention, lié à la proposition incise « lui répondit-elle » : le 1er geste de la Princesse dramatise l’instant : « se jetant à ses genoux » (l. 1) = visualisation du personnage, pour le lecteur + renforcement de la douleur du personnage, pathétique pour le lecteur + soumission à son mari. Annonce claire de l’« aveu » (le mot est nommé par la Princesse l. 2), comme un projet pour cette réplique : effet d’attente de la part du lecteur (même si le lecteur connaît les actes et l’objet de la passion du personnage). Aveu mis en évidence par la proposition subordonnée relative hyperbolique « que l’on n’a jamais fait à son mari » (l. 2) + manière encore de signaler la singularité de ce qu’elle s’apprête à faire, donc de susciter l’intérêt du lecteur. Elle répète la même hyperbole pour mettre en avant ce caractère exceptionnel ligne 10 : « plus d’amitié et plus d’estime que l’on en a jamais eu ».  
* Un aveu pour se justifier et expliquer son attitude et ce qu’elle souhaite à l’avenir : elle met en avant la pureté conservée de sa vertu (elle n’a trompé son mari qu’en pensée, elle n’a pas succombé à Nemours, n’a pas fait de lui son amant). Défense de « l’innocence de [sa] conduite et de [ses] intentions » : double complément du nom renvoyant l’un aux actes, l’autre aux pensées, englobant donc tout ce qui pourrait rendre la Princesse coupable aux yeux de son époux. La phrase suivante débute par la formule impersonnelle « Il est vrai » (l. 3), annonçant une concession à son époux, marque d’une certaine subtilité de la part de la Princesse (stratégie argumentative) + nom « raisons » = valeur explicative de son attitude, raison donnée après « et que je veux éviter… » (les dangers de la cour : euphémisme pour désigner Nemours et l’amour irrépressible qu’elle lui porte). La proposition subordonnée circonstancielle de but « pour me conserver digne d’être à vous » (l. 7-8) apparaît aussi comme une justification de sa volonté de s’écarter de la cour.
* Un aveu qui oppose action et pensées (c’est un argument pour se défendre auprès de son époux) : son aveu montre qu’elle affirme n’avoir jamais succombé à celui qu’elle aime, qu’elle n’a pas agi en ce sens, mais qu’elle met l’accent sur ce qu’elle sait être sa faute : ses pensées, son penchant, ses émotions qui la poussent vers Nemours. Aux lignes 8 et 9 s’opposent « sentiments » et « actions », les 1ers étant actuels (verbe « avoir » au présent de l’indicatif), les actions sont futures (verbe « ne vous déplairai jamais »). Elle plaide aussi « l’innocence de [sa] conduite » (l. 2), mettant ainsi en avant qu’elle n’est pas tombé dans les bras de celui qu’elle aime, que cette passion en est restée au stade d’un sentiment intérieur, jamais avoué à Nemours, et jamais passé au stade de l’acte.
* Cet aveu est-il celui d’une femme forte, sûre d’elle-même, ou une marque de faiblesse de sa part, voire une impossibilité d’exercer une liberté personnelle ? Un aveu ambigu :
- « je n’ai jamais donné nulle marque de faiblesse » : négation « ne plus » = sens absolu, définitif sur son passé (passé composé du verbe). Elle s’affirme fortement, et en même temps on sait que c’est faux : son émotion lors de l’accident de cheval de Nemours, sa réaction lors du vol du portrait, son plaisir à réécrire la lettre avec lui. Donc volonté de simplement convaincre son mari ? Volonté de se convaincre elle-même que tout ceci est du passé et ne reproduira plus ? Noter que le nom « faiblesse » (encadré d’une négation) fait écho au nom « force » qui clôture la phrase ligne 3.
- « si vous me laissiez la liberté de me retirer de la cour » : le nom « liberté » montre qu’elle met en avant le choix qu’elle veut faire, mais en même temps, c’est son mari qui décide (sujet du verbe « laisser » + proposition subordonnée circonstancielle de condition qui souligne que cette issue n’est pas certaine, car soumise à la décision de M. de Clèves). Elle est en position de pronom complément, « me », et non en position de sujet décideur.
- la disparition de sa mère la rend plus fragile : 2ème proposition subordonnée circonstancielle de condition, « si j’avais encore Mme de Chartres pour aider à me conduire ». Notons le verbe « aider » dont le complément est la princesse : « me », comme ci-avant ; de plus « conduire » laisse entendre qu’elle ne souhaite pas ou ne peut pas diriger elle-même son existence, qu’elle n’en a pas la force nécessaire.
Enfin, si les deux subordonnées laissent penser qu’il y a un choix, c’est faux : Mme de Chartres est décédée ; il ne reste donc que la fuite possible. Pas de choix laissé à la Princesse. Noter qu’elle répète cet éloignement de la cour : ligne 3 puis ligne 6.
- « je veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge » (l. 3-4) : le verbe « vouloir » à la 1ère personne du singulier semble montrer une force personnelle, mais en même temps, ses paroles rappellent beaucoup celles de sa mère (cf. 1er extrait étudié en lecture analytique : arrivée à la cour), et le nom « cour » précède immédiatement cette partie de la phrase. Assume-t-elle vraiment ? Se cache-t-elle derrière un argumentaire qui n’est pas le sien (ce que le pluriel des « personnes » soulignerait, éloignant le propos de sa propre personne) ?
- « le parti que je prends, je le prends » : verbe d’action répété, ce qui montre sa détermination. « pour faire ce que je fais » (l. 9-10) : même procédé de répétition du verbe d’action. Même emploi de la 1ère personne du singulier pour s’affirmer.
- les trois verbes à l’impératif de la fin de la réplique (ligne 11) soulignent aussi un appel à l’aide, et donc une faiblesse de sa part. Sa seule issue est que son mari, qui a autorité sur elle (pensez à la hiérarchie dans le couple au XVIIè siècle : elle dit ligne 8 qu’elle veut être « digne d’être à [lui] », comme une forme de possession du mari sur son épouse), accepte qu’elle s’éloigne de la cour. L’appel aux sentiments du Prince (« pitié » ; « aimez », et plus haut l. 10 « amitié » = affection ; hyperbole « mille pardons » l. 8) est aussi une manière de le faire plier (dans ce cas, elle semble maîtriser son argumentation), ou la marque du désespoir où elle se trouve (signe de sa faiblesse).
* Un aveu qui est aussi une interpellation de son mari : apostrophe initiale de la réplique, par l’interjection « Eh bien », puis par « Monsieur ». Jeu des pronoms des 1ère personne du singulier et de la deuxième personne du pluriel, en début de réplique (ligne 1) puis reprise après (lignes 5, puis 7-11) : interpellation plus directe vers la fin de la réplique, par l’énumération des 3 verbes à l’impératif ligne 11 : supplication forte, appel à l’aide (il doit remplacer sa mère : reprise du verbe « conduire » utilisé à la ligne 7) ; noter que le rythme haché de cette fin de phrase (4 à 5 syllabes par groupes de mots) renforce aussi cette supplication, comme dans un souffle un peu précipité de la fin de l’aveu. Fin de la réplique sur « vous », comme pour lui passer la parole, mais aussi pour s’effacer devant lui, son autorité.
Interpellation de fin de réplique débutée par « Je vous demande » (l. 8), puis dans la phrase suivante par l’impératif « songez » (l. 9), en tête de phrase. Elle lui impose de manière de plus en plus forte son argumentaire, sa manière de réfléchir.
* Quels valeurs et jugements sur la société (la cour) met-elle en avant ?
- la cour est dangereuse : « périls » (noter le pluriel) ; « craindrais » (l. 5) ; « dangereux » (l. 7 : elle ne précise pas quel danger la guette en s’éloignant de la cour. Peut-être une exclusion définitive de ce monde, et donc une entorse faite à son statut de noble et de riche héritière proche du pouvoir ?). Il faut donc (c’est son argumentaire) qu’elle fuie la cour et la personne qu’elle aime qui s’y trouve (« m’éloigner de la cour », « éviter les périls », « me retirer de la cour »).
- elle n’a fauté qu’en pensée : « innocence de ma conduite et de mes intentions » (l. 2) ;
- tout autant que sa vertu, elle met en avant les risques encourus par son image sociale : « d’en laisser paraître » (l. 5)
- elle défend sa vertu dans le cadre du mariage qui la lie à son époux : « digne d’être à vous » (l. 8) ; elle rappelle son « amitié » (= affection, ici), son « estime » pour lui. Elle le nomme comme son « mari » (lignes 2 et 10).

2) Reprise brève de la narration : la réaction de M. de Clèves :
* Réaction simultanée aux propos de la Princesse comme le prouve l’emploi du plus-que-parfait qui effectue un bref retour en arrière (« était demeuré » l. 12 ; « n’avait pas songé » l. 13).
Point de vue interne du Prince : ses pensées (« n’avait pas songé » ; « pensa » ; « si admirable » = jugement de valeur esthétique) ; son regard (« jeta les yeux sur elle » ; « il la vit »).
Réaction de souffrance exacerbée : hyperbole « mourir de douleur ».
* Comme pour début du passage, volonté de théâtraliser l’instant : gestes du mari (« la tête appuyée sur ses mains » ; « il jeta les yeux sur elle » ; « l’embrassant en la relevant »), mais aussi description de l’état de la Princesse à ce moment (« à ses genoux » ; « le visage couvert de larmes » ; « d’une beauté si admirable »). S’il ne l’a pas regardée pendant qu’elle parlait (il était « hors de lui-même » = pas lui-même ? comme déconnecté ?), restant comme à distance, il la prend dans ses bras et le remet au même niveau que lui (« l’embrassant en la relevant ») : proximité plus grande entre eux.

3) La réponse du Prince de Clèves à la Princesse (suite de sa réaction) :
* Une réponse en miroir à celle de la Princesse :
- Même paroles rapportées au style direct (pas si fréquent que cela dans ce roman). Même importance des deux prises de parole aux yeux du lecteur.
- Reprise de certaines paroles ou procédés de la Princesse, pour se les appliquer à lui-même, ou pour les appliquer à la Princesse : « ayez pitié de moi » l. 11 (Princesse) & 16 (lui-même) ; emploi de verbes à l’impératif pour renvoyer des demandes à la Princesse l. 16 ; « digne d’être à vous » l. 8 (Princesse au Prince) & « j’en suis digne » l. 16 (Prince), mais il reprend aussi le terme, pour approuver la Princesse à son sujet : « vous me paraissez plus digne d’estime » (l. 18) ; l’« estime » qu’elle a annoncé avoir pour lui (l. 10) correspond à celle qu’il a pour elle (l. 18) ; même apostrophe initiale (« Monsieur » l. 1 & « Madame » l. 16) ; même demande de pardon (« Je vous demande mille pardons » l. 8 & « pardonnez » l. 16).
Buts du Prince ? Montrer qu’il est la hauteur de ce que la Princesse veut s’imposer à elle-même ; montrer qu’il ne souhaite pas qu’elle s’abaisse devant lui (d’où le geste l. 15), qu’il lui ressemble, qu’ils sont donc proches l’un de l’autre, malgré cet aveu qui signale qu’elle en aime un autre que lui ; mettre en avant sa propre douleur (elle n’est pas la seule à souffrir !)
- Le Prince, par son intervention, se présente lui aussi comme un être exceptionnel, ouvert, tendre, compréhensif : pas de colère envers son épouse ; acceptation de la situation même si elle le fait souffrir (voir l’analyse, plus bas, des lignes 26-27, et de toutes les suivantes, dans « La double peine du Prince ») ; honnêteté du prince qui n’utilisera pas cet aveu contre elle pour se venger (règle habituelle dans leur monde ; et peut-être plus largement chez les êtres humains ?) (« vous m’estimez assez pour croire que je n’abuserai pas de cet aveu » l. 29 : à son estime répond son honnêteté : « vous » ≠ « je » + futur de l’indicatif = certitude de la part de la Princesse que son mari gardera cet aveu secret).
* Une réponse inattendue de la part du Prince, comme cet aveu s’écarte des règles des couples princiers, de la Cour de l’époque :
- Négation « je ne réponds pas » + comparaison « comme je dois » (le verbe renvoie aux règles habituelles dans lequel ils vivent, mais aussi à l’autorité habituelle des époux sur leur femme) = il devrait s’énerver contre elle, la haïr, mais c’est l’inverse, comme l’ont montré les relevés en miroir ci-dessus.
- Plus que de la colère, il ressent « une affliction aussi violente » (l. 17 : noter l’hyperbole qui montre combien il souffre). Une différence entre eux : la Princesse n’a pas fait part de son affliction vis-à-vis de ce qu’elle livre à son mari, de ce qu’elle lui fait subir. Il renforce le terme par une hyperbole (superlatif de l’adjectif « malheureux ») : « le plus malheureux homme qui ait jamais été » (l. 19-20). L’opposition entre eux est ici signalée par la construction en deux parties opposées de la phrase (rupture par le point-virgule et la conjonction de coordination d’opposition « mais » l. 19). Au modèle admirable, exceptionnel qu’elle propose répond ainsi son affliction exceptionnelle.
La déploration dure longtemps : les phrases interrogatives des lignes 23-25, qui n’attendent pas de réponse, sont accusatoires mais, puisqu’elles sont entièrement portées vers l’amant, elles l’excluent (voir le prince en position de faiblesse ci-dessous) d’une relation amoureuse avec sa propre épouse.
- Il présente son épouse comme un modèle exceptionnel, guidant ainsi le lecteur vers cette image du personnage : « plus digne d’estime et d’admiration que tout ce qu’il y a jamais eu de femmes au monde » (l. 18-19) (hyperbole très forte puisqu’elle est comparée à toutes les femmes de la terre, et aussi à toutes celles qui ont existé). C’est évidemment aussi une manière de montrer tout son amour pour elle, indéfectible, malgré l’aveu qu’elle vient de lui faire : il s’exprime toujours au présent de l’indicatif (« vous me paraissez » l. 18 ; « elle dure encore » l. 21-22). La répétition de « un procédé comme le vôtre » (lignes 18 & 28) souligne que l’aveu qu’elle vient de faire n’appartient qu’à elle (cf. le pronom possessif).
Puis il explique qu’il la pensait (en se trompant donc) comme une femme sans cœur : phrase lignes 25-26 : retour en arrière par le plus-que-parfait ; complément d’agent de fin de phrase (« par… ») = explication qu’il s’était donné au fait que la Princesse ne lui témoignait aucune affection (« incapable de l’être » : jugement sévère par l’adjectif avec préfixe de sens négatif, et le verbe « être » qui signale un trait de caractère, une vérité durable. Il découvre qu’elle peut aimer : opposition mise en valeur par l’adverbe « cependant » en tête de phrase (l.26).
* Un Prince qui se présente en position de faiblesse : il n’est pas acteur de sa passion, ni de sa tristesse infinie. « Vous m’avez donné de la passion » (l. 20) : il est position de victime de l’amour et de son épouse (pronom personnel complément d’objet indirect « m’ »). « je me trouve » : verbe à la forme réfléchie, qui souligne qu’il subit ce sort, comme un personnage de tragédie soumis à une forme de destin et qui constate la situation dans laquelle il se trouve, sans pouvoir agir sur elle. Il utilise une négation définitive, en reprenant ses propos de la ligne 20 pour les inverser : « vous m’avez donné » ≠ « je n’ai jamais vous donner de l’amour » (l. 22), toujours pour mettre en avant son incapacité à agir pour elle. L’amour non réciproque est souligné par le passage par la conjonction « et » d’une proposition principale et de sa subordonnée, à une autre principale avec subordonnée, qui s’oppose à la première : « je n’ai jamais pu vous donner de l’amour » ≠ « et je vois que vous craignez d’en avoir pour un autre » (l. 22-23) (opposition « je » ≠ « vous » ≠ « vous » ≠ « un autre »). Les phrases interrogatives assez courtes, qui s’enchaînent rapidement (l. 23-25), montrent qu’il n’a pas ces réponses, répètent son incapacité à se faire aimer de la princesse.
Mais vers la fin de son intervention il se reprend, quand, à partir de la ligne 27, il multiplie les termes louant son épouse (« noble », « confiance », « sincérité », « fidélité »). Il se console (l. 28-29).
* Comme la Princesse s’est expliquée, s’est justifiée, a livré le fond de son âme, il fait de même : il s’explique et se confie. Nombreuses occurrences de la 1ère personne du singulier ; champ lexical des sentiments (« affliction », « admiration », « malheureux », « consolé », « jalousie »). Emploi de connecteurs logiques qui articulent les différents moments de son explication. Après le présent, il utilise le futur (l. 30 & 31), se projette sur leur avenir : il sait articuler sa réflexion, la faire avancer.
* La double peine pour le Prince : il est comme trompé comme mari (même si sa femme n’a succombé qu’en pensées à Nemours), et il est également délaissé comme amant. « j’ai tout ensemble la jalousie d’un mari et celle d’un amant » (l. 26-27) : lien effectué par les deux compléments du nom « jalousie ». Il ajoute cependant une restriction, une nuance, encore une fois après un point virgule et la conjonction de coordination « mais » : le mari qu’il est ne peut être jaloux. Et ensuite il ajoutera que la sincérité de l’aveu de sa femme est tel et si surprenant qu’« il [le] console comme [son] amant » (= en tant que son amant). Se contredit-il donc ? Oui = il est sous le coup de l’émotion, ne contrôle plus ses pensées et émotions ; Non = nous suivons son flux de pensée comme en direct (il ajoute, modifie, ajuste au fur et à mesure de ses paroles, comme dans le cas réel d’une pensée humaine qui n’est pas construite a priori : effet de réel, donc, de la part de Mme de Lafayette).
* Au final, ces deux personnages tranchent avec la Cour, sont au-dessus par leur vertu, leur comportement. La fin de la réplique du Prince met en avant les qualités de la Princesse, qui sont aussi les siennes propres, et qui semblent s’opposer à de nombreux comportements des membres de la Cour qui les environnent : « noble », « confiance », « sincérité », « aimerai pas moins », « fidélité » (l. 28 à 33).

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