Plan du
texte :
Passage en 3 moments
:
1) l’aveu de la
princesse, au discours direct (moment dramatique traité sur le mode
théâtral)
2) reprise de la
narration avec description des gestes de monsieur de Clèves «
pendant tout ce discours »
3) la réponse du
mari au discours direct, avec effets de reprise des paroles de sa
femme
Aspects majeurs du texte :
* Un moment crucial du roman, mais aussi entre les deux époux : importance de la parole qui dévoile. Ils se livrent l'un à l'autre.
Ainsi le passage est construit comme un dialogue, et sur un parallèle de la parole entre les deux personnages (le Prince répond en miroir aux propos de la Princesse).
* Les deux personnages apparaissent comme exceptionnels aux yeux du lecteur par ce disocurs de vérité, mais aussi par la moralité et la relation à leur épouse/époux. Ils diffèrent des autres personnages du roman, des membres de la haute aristocratie à laquelle ils appartiennent à la Cour.
* Les paroles des deux époux ont une visée explicative (se livrer), mais aussi pour la Princesse une visée argumentative : sa parole est orientée vers la volonté de convaincre son époux de sa bonne foi, de sa moralité sauve, et enfin qu'elle doit pouvoir se retirer de la Cour (lui seul peut valider ce choix puisqu'il est son époux).
* Les personnages font à la fois montre de force et de faiblesse, d'autorité et de soumission.
Étude
linéaire :
1) L’aveu
de la Princesse :
* La singularité
du passage est signalée par l’emploi de paroles rapportées au
style direct (pour la Princesse et ensuite pour le Prince). Ceci
donne une théâtralité au passage. De plus, dès début de
son intervention, lié à la proposition incise « lui
répondit-elle » : le 1er geste de la Princesse
dramatise l’instant : « se jetant à ses genoux »
(l. 1) = visualisation du personnage, pour le lecteur +
renforcement de la douleur du personnage, pathétique pour le lecteur
+ soumission à son mari. Annonce claire de l’« aveu »
(le mot est nommé par la Princesse l. 2), comme un projet pour cette
réplique : effet d’attente de la part du lecteur (même si le
lecteur connaît les actes et l’objet de la passion du personnage).
Aveu mis en évidence par la proposition subordonnée relative
hyperbolique « que l’on n’a jamais fait à son mari »
(l. 2) + manière encore de signaler la singularité de ce qu’elle
s’apprête à faire, donc de susciter l’intérêt du lecteur.
Elle répète la même hyperbole pour mettre en avant ce caractère
exceptionnel ligne 10 : « plus d’amitié et plus
d’estime que l’on en a jamais eu ».
* Un aveu pour se
justifier et expliquer son attitude et ce qu’elle souhaite à
l’avenir : elle met en avant la pureté conservée de sa vertu
(elle n’a trompé son mari qu’en pensée, elle n’a pas succombé
à Nemours, n’a pas fait de lui son amant). Défense de
« l’innocence de [sa] conduite et de [ses] intentions » :
double complément du nom renvoyant l’un aux actes, l’autre aux
pensées, englobant donc tout ce qui pourrait rendre la Princesse
coupable aux yeux de son époux. La phrase suivante débute par la
formule impersonnelle « Il est vrai » (l. 3), annonçant
une concession à son époux, marque d’une certaine subtilité de
la part de la Princesse (stratégie argumentative) + nom « raisons »
= valeur explicative de son attitude, raison donnée après « et
que je veux éviter… » (les dangers de la cour :
euphémisme pour désigner Nemours et l’amour irrépressible
qu’elle lui porte). La proposition subordonnée circonstancielle de
but « pour me conserver digne d’être à vous » (l.
7-8) apparaît aussi comme une justification de sa volonté de
s’écarter de la cour.
* Un aveu qui
oppose action et pensées (c’est un argument pour se défendre
auprès de son époux) : son aveu montre qu’elle affirme
n’avoir jamais succombé à celui qu’elle aime, qu’elle n’a
pas agi en ce sens, mais qu’elle met l’accent sur ce qu’elle
sait être sa faute : ses pensées, son penchant, ses émotions
qui la poussent vers Nemours. Aux lignes 8 et 9 s’opposent
« sentiments » et « actions », les 1ers étant
actuels (verbe « avoir » au présent de l’indicatif),
les actions sont futures (verbe « ne vous déplairai jamais »).
Elle plaide aussi « l’innocence de [sa] conduite » (l.
2), mettant ainsi en avant qu’elle n’est pas tombé dans les bras
de celui qu’elle aime, que cette passion en est restée au stade
d’un sentiment intérieur, jamais avoué à Nemours, et jamais
passé au stade de l’acte.
* Cet aveu est-il
celui d’une femme forte, sûre d’elle-même, ou une
marque de faiblesse de sa part, voire une impossibilité
d’exercer une liberté personnelle ? Un aveu ambigu :
- « je n’ai
jamais donné nulle marque de faiblesse » : négation « ne
plus » = sens absolu, définitif sur son passé (passé composé
du verbe). Elle s’affirme fortement, et en même temps on sait que
c’est faux : son émotion lors de l’accident de cheval de
Nemours, sa réaction lors du vol du portrait, son plaisir à
réécrire la lettre avec lui. Donc volonté de simplement convaincre
son mari ? Volonté de se convaincre elle-même que tout ceci
est du passé et ne reproduira plus ? Noter que le nom
« faiblesse » (encadré d’une négation) fait écho au
nom « force » qui clôture la phrase ligne 3.
- « si vous me
laissiez la liberté de me retirer de la cour » : le nom
« liberté » montre qu’elle met en avant le choix
qu’elle veut faire, mais en même temps, c’est son mari qui
décide (sujet du verbe « laisser » + proposition
subordonnée circonstancielle de condition qui souligne que cette
issue n’est pas certaine, car soumise à la décision de M. de
Clèves). Elle est en position de pronom complément, « me »,
et non en position de sujet décideur.
- la disparition de
sa mère la rend plus fragile : 2ème proposition
subordonnée circonstancielle de condition, « si j’avais
encore Mme de Chartres pour aider à me conduire ». Notons le
verbe « aider » dont le complément est la princesse :
« me », comme ci-avant ; de plus « conduire »
laisse entendre qu’elle ne souhaite pas ou ne peut pas diriger
elle-même son existence, qu’elle n’en a pas la force nécessaire.
Enfin, si les deux
subordonnées laissent penser qu’il y a un choix, c’est faux :
Mme de Chartres est décédée ; il ne reste donc que la fuite
possible. Pas de choix laissé à la Princesse. Noter qu’elle
répète cet éloignement de la cour : ligne 3 puis ligne 6.
- « je veux
éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon
âge » (l. 3-4) : le verbe « vouloir » à la
1ère personne du singulier semble montrer une force
personnelle, mais en même temps, ses paroles rappellent beaucoup
celles de sa mère (cf. 1er extrait étudié en lecture
analytique : arrivée à la cour), et le nom « cour »
précède immédiatement cette partie de la phrase. Assume-t-elle
vraiment ? Se cache-t-elle derrière un argumentaire qui n’est
pas le sien (ce que le pluriel des « personnes »
soulignerait, éloignant le propos de sa propre personne) ?
- « le parti
que je prends, je le prends » : verbe d’action répété,
ce qui montre sa détermination. « pour faire ce que je fais »
(l. 9-10) : même procédé de répétition du verbe d’action.
Même emploi de la 1ère personne du singulier pour
s’affirmer.
- les trois verbes à
l’impératif de la fin de la réplique (ligne 11) soulignent aussi
un appel à l’aide, et donc une faiblesse de sa part. Sa seule
issue est que son mari, qui a autorité sur elle (pensez à la
hiérarchie dans le couple au XVIIè siècle : elle dit ligne 8
qu’elle veut être « digne d’être à [lui] », comme
une forme de possession du mari sur son épouse), accepte qu’elle
s’éloigne de la cour. L’appel aux sentiments du Prince
(« pitié » ; « aimez », et plus haut l.
10 « amitié » = affection ; hyperbole « mille
pardons » l. 8) est aussi une manière de le faire plier (dans
ce cas, elle semble maîtriser son argumentation), ou la marque du
désespoir où elle se trouve (signe de sa faiblesse).
* Un aveu qui est
aussi une interpellation de son mari : apostrophe
initiale de la réplique, par l’interjection « Eh bien »,
puis par « Monsieur ». Jeu des pronoms des 1ère
personne du singulier et de la deuxième personne du pluriel, en
début de réplique (ligne 1) puis reprise après (lignes 5, puis
7-11) : interpellation plus directe vers la fin de la réplique,
par l’énumération des 3 verbes à l’impératif ligne 11 :
supplication forte, appel à l’aide (il doit remplacer sa mère :
reprise du verbe « conduire » utilisé à la ligne 7) ;
noter que le rythme haché de cette fin de phrase (4 à 5 syllabes
par groupes de mots) renforce aussi cette supplication, comme dans un
souffle un peu précipité de la fin de l’aveu. Fin de la réplique
sur « vous », comme pour lui passer la parole, mais aussi
pour s’effacer devant lui, son autorité.
Interpellation de
fin de réplique débutée par « Je vous demande » (l.
8), puis dans la phrase suivante par l’impératif « songez »
(l. 9), en tête de phrase. Elle lui impose de manière de plus en
plus forte son argumentaire, sa manière de réfléchir.
* Quels valeurs
et jugements sur la société (la cour) met-elle en avant ?
- la cour est
dangereuse : « périls » (noter le pluriel) ;
« craindrais » (l. 5) ; « dangereux »
(l. 7 : elle ne précise pas quel danger la guette en
s’éloignant de la cour. Peut-être une exclusion définitive de ce
monde, et donc une entorse faite à son statut de noble et de riche
héritière proche du pouvoir ?). Il faut donc (c’est son
argumentaire) qu’elle fuie la cour et la personne qu’elle aime
qui s’y trouve (« m’éloigner de la cour », « éviter
les périls », « me retirer de la cour »).
- elle n’a fauté
qu’en pensée : « innocence de ma conduite et de mes
intentions » (l. 2) ;
- tout autant que sa
vertu, elle met en avant les risques encourus par son image sociale :
« d’en laisser paraître » (l. 5)
- elle défend sa
vertu dans le cadre du mariage qui la lie à son époux :
« digne d’être à vous » (l. 8) ; elle rappelle
son « amitié » (= affection, ici), son « estime »
pour lui. Elle le nomme comme son « mari » (lignes 2 et
10).
2) Reprise
brève de la narration : la réaction de M. de Clèves :
* Réaction
simultanée aux propos de la Princesse comme le prouve
l’emploi du plus-que-parfait qui effectue un bref retour en arrière
(« était demeuré » l. 12 ; « n’avait pas
songé » l. 13).
Point de vue interne
du Prince : ses pensées (« n’avait pas songé » ;
« pensa » ; « si admirable » = jugement
de valeur esthétique) ; son regard (« jeta les yeux sur
elle » ; « il la vit »).
Réaction de
souffrance exacerbée : hyperbole « mourir de douleur ».
* Comme pour début
du passage, volonté de théâtraliser l’instant :
gestes du mari (« la tête appuyée sur ses mains » ;
« il jeta les yeux sur elle » ; « l’embrassant
en la relevant »), mais aussi description de l’état de la
Princesse à ce moment (« à ses genoux » ;
« le visage couvert de larmes » ; « d’une
beauté si admirable »). S’il ne l’a pas regardée pendant
qu’elle parlait (il était « hors de lui-même » =
pas lui-même ? comme déconnecté ?), restant comme à
distance, il la prend dans ses bras et le remet au même niveau que
lui (« l’embrassant en la relevant ») : proximité
plus grande entre eux.
3) La
réponse du Prince de Clèves à la Princesse (suite de sa
réaction) :
* Une réponse en
miroir à celle de la Princesse :
- Même paroles
rapportées au style direct (pas si fréquent que cela dans ce
roman). Même importance des deux prises de parole aux yeux du
lecteur.
- Reprise de
certaines paroles ou procédés de la Princesse, pour se les
appliquer à lui-même, ou pour les appliquer à la Princesse :
« ayez pitié de moi » l. 11 (Princesse) & 16
(lui-même) ; emploi de verbes à l’impératif pour renvoyer
des demandes à la Princesse l. 16 ; « digne d’être à
vous » l. 8 (Princesse au Prince) & « j’en suis
digne » l. 16 (Prince), mais il reprend aussi le terme, pour
approuver la Princesse à son sujet : « vous me paraissez
plus digne d’estime » (l. 18) ; l’« estime »
qu’elle a annoncé avoir pour lui (l. 10) correspond à celle qu’il
a pour elle (l. 18) ; même apostrophe initiale (« Monsieur »
l. 1 & « Madame » l. 16) ; même demande de
pardon (« Je vous demande mille pardons » l. 8 &
« pardonnez » l. 16).
Buts du Prince ?
Montrer qu’il est la hauteur de ce que la Princesse veut s’imposer
à elle-même ; montrer qu’il ne souhaite pas qu’elle
s’abaisse devant lui (d’où le geste l. 15), qu’il lui
ressemble, qu’ils sont donc proches l’un de l’autre, malgré
cet aveu qui signale qu’elle en aime un autre que lui ; mettre
en avant sa propre douleur (elle n’est pas la seule à souffrir !)
- Le Prince,
par son intervention, se présente lui aussi comme un être
exceptionnel, ouvert, tendre, compréhensif : pas de colère
envers son épouse ; acceptation de la situation même si elle
le fait souffrir (voir l’analyse, plus bas, des lignes 26-27, et de
toutes les suivantes, dans « La double peine du Prince ») ;
honnêteté du prince qui n’utilisera pas cet aveu contre elle pour
se venger (règle habituelle dans leur monde ; et peut-être
plus largement chez les êtres humains ?) (« vous
m’estimez assez pour croire que je n’abuserai pas de cet aveu »
l. 29 : à son estime répond son honnêteté : « vous » ≠ « je » + futur
de l’indicatif = certitude de la part de la Princesse que son mari
gardera cet aveu secret).
* Une réponse
inattendue de la part du Prince, comme cet aveu s’écarte des
règles des couples princiers, de la Cour de l’époque :
- Négation « je
ne réponds pas » + comparaison « comme je dois »
(le verbe renvoie aux règles habituelles dans lequel ils vivent,
mais aussi à l’autorité habituelle des époux sur leur femme) =
il devrait s’énerver contre elle, la haïr, mais c’est
l’inverse, comme l’ont montré les relevés en miroir ci-dessus.
- Plus que de la
colère, il ressent « une affliction aussi violente »
(l. 17 : noter l’hyperbole qui montre combien il souffre). Une
différence entre eux : la Princesse n’a pas fait part de son
affliction vis-à-vis de ce qu’elle livre à son mari, de ce
qu’elle lui fait subir. Il renforce le terme par une hyperbole
(superlatif de l’adjectif « malheureux ») : « le
plus malheureux homme qui ait jamais été » (l. 19-20).
L’opposition entre eux est ici signalée par la construction en
deux parties opposées de la phrase (rupture par le point-virgule et
la conjonction de coordination d’opposition « mais » l.
19). Au modèle admirable, exceptionnel qu’elle propose répond
ainsi son affliction exceptionnelle.
La déploration
dure longtemps : les phrases interrogatives des lignes
23-25, qui n’attendent pas de réponse, sont accusatoires mais,
puisqu’elles sont entièrement portées vers l’amant, elles
l’excluent (voir le prince en position de faiblesse ci-dessous)
d’une relation amoureuse avec sa propre épouse.
- Il présente son
épouse comme un modèle exceptionnel, guidant ainsi le lecteur
vers cette image du personnage : « plus digne d’estime
et d’admiration que tout ce qu’il y a jamais eu de femmes au
monde » (l. 18-19) (hyperbole très forte puisqu’elle est
comparée à toutes les femmes de la terre, et aussi à toutes celles
qui ont existé). C’est évidemment aussi une manière de montrer
tout son amour pour elle, indéfectible, malgré l’aveu qu’elle
vient de lui faire : il s’exprime toujours au présent de
l’indicatif (« vous me paraissez » l. 18 ; « elle
dure encore » l. 21-22). La répétition de « un procédé
comme le vôtre » (lignes 18 & 28) souligne que l’aveu
qu’elle vient de faire n’appartient qu’à elle (cf. le pronom
possessif).
Puis il explique
qu’il la pensait (en se trompant donc) comme une femme
sans cœur : phrase lignes 25-26 : retour en arrière
par le plus-que-parfait ; complément d’agent de fin de phrase
(« par… ») = explication qu’il s’était donné au
fait que la Princesse ne lui témoignait aucune affection
(« incapable de l’être » : jugement sévère par
l’adjectif avec préfixe de sens négatif, et le verbe « être »
qui signale un trait de caractère, une vérité durable. Il découvre
qu’elle peut aimer : opposition mise en valeur par l’adverbe
« cependant » en tête de phrase (l.26).
* Un Prince qui
se présente en position de faiblesse : il n’est pas
acteur de sa passion, ni de sa tristesse infinie. « Vous m’avez
donné de la passion » (l. 20) : il est position de
victime de l’amour et de son épouse (pronom personnel complément
d’objet indirect « m’ »). « je me trouve » :
verbe à la forme réfléchie, qui souligne qu’il subit ce sort,
comme un personnage de tragédie soumis à une forme de destin et qui
constate la situation dans laquelle il se trouve, sans pouvoir agir
sur elle. Il utilise une négation définitive, en reprenant ses
propos de la ligne 20 pour les inverser : « vous m’avez
donné » ≠ « je
n’ai jamais vous donner de l’amour » (l. 22), toujours pour
mettre en avant son incapacité à agir pour elle. L’amour non
réciproque est souligné par le passage par la conjonction « et »
d’une proposition principale et de sa subordonnée, à une autre
principale avec subordonnée, qui s’oppose à la première :
« je n’ai jamais pu vous donner de l’amour » ≠ « et je vois que vous craignez d’en avoir pour un autre »
(l. 22-23) (opposition « je » ≠ « vous » ≠ « vous » ≠ « un autre »). Les phrases interrogatives assez courtes,
qui s’enchaînent rapidement (l. 23-25), montrent qu’il n’a pas
ces réponses, répètent son incapacité à se faire aimer de la
princesse.
Mais vers la fin de
son intervention il se reprend, quand, à partir de la ligne 27, il
multiplie les termes louant son épouse (« noble »,
« confiance », « sincérité »,
« fidélité »). Il se console (l. 28-29).
* Comme la Princesse
s’est expliquée, s’est justifiée, a livré le fond de son âme,
il fait de même : il s’explique et se confie.
Nombreuses occurrences de la 1ère personne du singulier ;
champ lexical des sentiments (« affliction »,
« admiration », « malheureux »,
« consolé », « jalousie »). Emploi de
connecteurs logiques qui articulent les différents moments de son
explication. Après le présent, il utilise le futur (l. 30 &
31), se projette sur leur avenir : il sait articuler sa
réflexion, la faire avancer.
* La double peine
pour le Prince : il est comme trompé comme mari (même si
sa femme n’a succombé qu’en pensées à Nemours), et il est
également délaissé comme amant. « j’ai tout ensemble la
jalousie d’un mari et celle d’un amant » (l. 26-27) :
lien effectué par les deux compléments du nom « jalousie ».
Il ajoute cependant une restriction, une nuance, encore une fois
après un point virgule et la conjonction de coordination « mais » :
le mari qu’il est ne peut être jaloux. Et ensuite il ajoutera que
la sincérité de l’aveu de sa femme est tel et si surprenant
qu’« il [le] console comme [son] amant » (= en tant que
son amant). Se contredit-il donc ? Oui = il est sous le coup de
l’émotion, ne contrôle plus ses pensées et émotions ; Non
= nous suivons son flux de pensée comme en direct (il ajoute,
modifie, ajuste au fur et à mesure de ses paroles, comme dans le cas
réel d’une pensée humaine qui n’est pas construite a priori :
effet de réel, donc, de la part de Mme de Lafayette).
* Au final, ces
deux personnages tranchent avec la Cour, sont au-dessus par leur
vertu, leur comportement. La fin de la réplique du Prince met en
avant les qualités de la Princesse, qui sont aussi les siennes
propres, et qui semblent s’opposer à de nombreux comportements des
membres de la Cour qui les environnent : « noble »,
« confiance », « sincérité », « aimerai
pas moins », « fidélité » (l. 28 à 33).
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